Mesdames et messieurs les députés, la fourniture de matériels militaires et les sanctions sont les deux piliers de notre soutien à l'Ukraine dans sa riposte face à la Russie. Mais notre accompagnement ne s'arrête pas là. Nous apportons à l'Ukraine un soutien humanitaire : plus de 200 millions d'euros ont été mobilisés et 2 500 tonnes de matériels livrées. Ce soutien est à l'œuvre dans tous les domaines ; il se déploie sur place et dans les pays frontaliers ; il est coordonné avec nos partenaires, avec les ONG et les organisations internationales. Il se poursuit en ce moment même, puisqu'un quatrième convoi humanitaire a quitté Marseille par bateau la semaine dernière.
Nous nous sommes également organisés pour accueillir les réfugiés. Plus de 100 000 Ukrainiens ont été accueillis et près de 19 000 enfants ont été scolarisés. Cela s'est fait rapidement, efficacement et dignement. Cela a été possible, une fois encore, grâce à la réaction exemplaire de l'Europe. Dès le 3 mars, l'Union s'est accordée pour que les réfugiés ukrainiens bénéficient de la protection temporaire, c'est-à-dire de l'accueil, de l'accès à l'éducation, à la santé, à l'emploi ou encore à l'hébergement. C'était une première. Il s'agit d'un acte décisif, dont bénéficient aujourd'hui en Europe plus de 4 millions d'Ukrainiens.
Je veux saluer ici toutes celles et tous ceux qui participent à cet élan de solidarité remarquable envers l'Ukraine depuis sept mois. Je pense à nos ONG et à nos entreprises. Je veux également rendre hommage à toutes les collectivités qui se mobilisent, organisent la solidarité et permettent l'accueil et la scolarisation des réfugiés ukrainiens : je les en remercie. Leur engagement est précieux et déterminant. Je pense enfin à tous les Français qui se sont engagés et que nous devons soutenir. C'est pourquoi je vous confirme la mise en place, à partir de fin novembre, d'une aide à destination de nos compatriotes qui accueillent des déplacés ukrainiens chez eux.
Notre soutien à l'Ukraine est également diplomatique. Elle fait pleinement partie de la famille européenne. Lors du Conseil européen de juin, le statut de pays candidat à l'adhésion lui a été accordé à l'unanimité. Il s'agit d'une décision historique, que nous avons jugée indispensable dans le contexte de profond changement géopolitique qui affecte notre continent. Le chemin de l'adhésion sera long et exigeant. Il n'y aura pas de procédure accélérée ou de critères au rabais : ce ne serait dans l'intérêt de personne, ni de l'Union européenne ni de l'Ukraine. Cette dernière le sait. Mais je veux saluer ici l'action des autorités ukrainiennes, qui ont entamé, malgré la période, la mise en œuvre des recommandations de la Commission.
Sans préjudice de ce processus d'adhésion, la communauté politique européenne, proposée par le Président de la République, tiendra sa première réunion jeudi prochain à Prague. Elle permettra à ses membres, dont l'Ukraine, de renforcer leur ancrage européen et de bénéficier de coopérations concrètes dans les domaines des infrastructures, de la sécurité, de l'énergie ou bien encore en matière de mobilité.
Soutenir l'Ukraine, c'est enfin penser sa reconstruction. On évalue les besoins du pays en la matière à près de 350 milliards d'euros. Il s'agit d'un défi colossal et collectif. La France y prendra sa part. À court terme, nous nous sommes engagés à concentrer nos efforts sur la reconstruction de la région de Tchernihiv, dans le nord du pays, suivant en cela le mécanisme de parrainage proposé par le président Zelensky. Les Européens sont engagés. Après la conférence de Lugano cet été, une conférence sur la reconstruction sera organisée le 25 octobre prochain en Allemagne. De son côté, la France organisera dans les prochains mois, à Paris, avec les autorités ukrainiennes, une conférence économique en vue de mobiliser les entreprises françaises.
Nous soutenons enfin les initiatives de la Commission européenne pour accompagner et organiser le financement de la reconstruction de l'Ukraine.
Nous le savons tous : les conséquences de cette guerre dépassent largement les frontières de l'Ukraine. Aussi, depuis février, le Gouvernement agit sans relâche pour limiter l'impact du conflit sur notre pays. Le premier enjeu est énergétique. Du fait de la reprise post-covid, et avant même le début de la guerre, les prix de l'énergie avaient considérablement augmenté. Le conflit et l'arrêt quasi total des livraisons de gaz russe vers l'Europe ont entraîné des tensions d'approvisionnement et une nouvelle hausse des prix.
Je veux ici rappeler les choses fermement. N'inversons pas les rôles : c'est la Russie qui a lancé cette guerre. C'est elle qui nous pousse à agir. C'est elle, encore, qui choisit de faire du gaz un objet de chantage. Ces derniers jours, des explosions ont été constatées sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2. Tout indique qu'un acte de sabotage grave et irresponsable a été commis. Je ne tirerai pas de conclusions ici : une enquête internationale indépendante doit être conduite. Avec l'Union européenne, nous répondrons de manière ferme et unie à cette attaque contre des infrastructures énergétiques européennes.
Quoi qu'il en soit, nous sommes prêts à affronter l'hiver qui s'annonce. Nous avons anticipé la situation : ainsi, nous avons porté nos stocks de gaz au maximum, au niveau national comme au niveau européen ; nous avons augmenté les capacités d'importation de nos terminaux méthaniers, et nous avons diversifié notre approvisionnement. Cet été, le Président de la République a annoncé un plan de sobriété. Si chacun prend sa part, nous traverserons les mois à venir sans risque de coupure. Nous y parviendrons aussi grâce à la solidarité européenne : nous livrerons du gaz à nos partenaires, qui nous livreront de l'électricité en retour.