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Intervention de Élisabeth Borne

Séance en hémicycle du lundi 3 octobre 2022 à 16h00
Déclaration du gouvernement relative à la guerre en ukraine et aux conséquences pour la france

Élisabeth Borne, Première ministre :

Ne rien faire aurait montré à la Russie qu'elle pouvait aller plus loin encore et prolonger sa volonté d'impérialisme. Ne rien faire aurait été perçu comme un blanc-seing donné à toutes les nations qui veulent affirmer leur puissance et nous mettre devant le fait accompli. Ne rien faire aurait planté les germes de nouveaux conflits qui nous auraient menacés plus directement encore.

Défendre nos valeurs, ce n'est pas un idéal romantique : c'est prouver que la démocratie n'est pas faible, c'est défendre un modèle qui nous protège, c'est affirmer que nous croyons en un monde de paix et de stabilité.

C'est pourquoi, depuis le début du conflit, avec les alliés et les autres nations européennes, nous avons multiplié les livraisons de matériels militaires à l'Ukraine. Nous l'assumons, car nous devons lui donner les moyens de se défendre face à l'invasion. Dès la fin du mois de février, notre pays a fourni aux forces armées ukrainiennes des missiles antichars, des missiles antiaériens, des équipements de protection et de l'armement léger. Dans un second temps, nous avons livré des systèmes plus lourds et plus complexes : des véhicules légers, des blindés et surtout des systèmes d'artillerie Caesar avec leurs munitions. Nous poursuivons cet effort : nous avons formé les soldats ukrainiens et des cessions de carburants sont en cours.

Nous continuons à agir en Européens. Nous soutenons le lancement d'une mission d'assistance militaire de l'Union européenne dont la création a été entérinée cet été, et nous y contribuerons dès qu'elle sera effective.

Au-delà de l'Ukraine, nous agissons en allié fiable et crédible. Dès les premiers jours du conflit, à la demande du Président de la République, nous avons renforcé notre dispositif sur le flanc est de l'Otan, dans le cadre des missions de réassurance de l'Alliance. Régulièrement, nos avions de combat surveillent et protègent l'espace aérien de l'est de l'Europe. Nous avons pris la tête de la mission de l'Otan en Roumanie en tant que nation cadre. Et, de la Baltique à la mer Noire, nous sommes présents d'un bout à l'autre du flanc est.

La Russie pensait trouver l'Otan faible et divisée, elle l'a ressoudée. Moscou sait désormais que les alliés sont unis, prêts, et ce qu'il lui en coûterait si elle prolongeait ses volontés guerrières.

Notre soutien militaire n'est qu'un des aspects de notre action. Dès les premiers jours de la guerre, avec l'Union européenne, nous avons pris des sanctions fortes. Là encore, alors que Vladimir Poutine pensait diviser l'Europe, cette dernière a fait face et montré son unité et sa détermination face à la crise. Je dirais même plus : bien malgré lui, le président Poutine a renforcé l'Europe.

Le premier paquet de sanctions a été adopté en moins de vingt-quatre heures. Sept paquets ont été votés jusqu'à présent et le huitième est en cours de négociation. Notre objectif est le même depuis le début : rendre le coût de la guerre insupportable pour la Russie et frapper durement son économie afin de l'empêcher de financer son offensive.

Nous avons pris des sanctions massives et de tous ordres : financières, afin de limiter les capacités de financement de l'État russe et des entreprises ; bancaires, avec l'exclusion de nombreuses banques russes du système Swift ; commerciales, avec des restrictions à l'importation et à l'exportation ; des sanctions contre la désinformation russe, en empêchant la diffusion de la chaîne Russia Today et de l'agence Sputnik dans l'Union européenne ; des sanctions politiques, enfin, contre les dirigeants, les oligarques et les propagandistes. Avec le huitième paquet sur la table, près de 1 300 personnes seront directement concernées par des gels d'avoirs ou des interdictions de voyage en Europe.

Les Russes misaient sur notre peur et notre division. L'Union européenne a montré qu'elle était forte et savait réagir. L'Europe n'a pas reculé devant les décisions courageuses, telles que l'embargo sur les importations de charbon, de pétrole brut et de produits raffinés russes.

Ces sanctions, n'en déplaisent à ceux qui masquent leur fascination pour l'impérialisme russe par un prétendu patriotisme, fonctionnent !

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