Vous posez une question essentielle des problèmes d'emploi dans les outre-mer. La difficulté est qu'il faut concilier deux principes fondamentaux différents. Les personnes qui vivent dans les territoires ont évidemment le droit à l'emploi, et je crois même que c'est garanti par la Constitution. Nous avons aussi des principes de non-discrimination, qui protègent aussi les Ultramarins quand ils veulent travailler dans l'Hexagone.
Je sais bien qu'il y a un certain nombre de propositions de préférences locales, mais ce sont des choses à manier avec précaution parce que ça peut être réversible.
Nous avons eu, dans notre rôle de Défenseur des droits, à traiter la réclamation d'un sapeur-pompier ayant une compagne réunionnaise qui n'arrivait pas se faire muter à La Réunion. Dans notre mission, nous sommes tenus par les textes. Si nous disons à quelqu'un qu'on ne prend pas de métropolitain, c'est juridiquement une discrimination.
La seule voie possible dans ces cas est de mettre en avant les intérêts matériels et moraux. C'est la piste choisie sur l'égalité réelle ou l'égalité et la citoyenneté. Encore une fois, ces choses méritent d'être maniées avec beaucoup de doigté, parce que le principe est quand même l'égalité entre les citoyens.
Nous avons eu le cas d'un Réunionnais ayant postulé pour un emploi à Lyon ou à Marseille, et sa candidature avait été écartée parce que le responsable s'était demandé de quelle manière le jeune Réunionnais allait venir travailler à Lyon. C'est une discrimination en raison du lieu de résidence. Parmi les leviers à disposition des pouvoirs publics, je cite la meilleure formation de nos jeunes, le fait de prendre en compte les intérêts matériels et moraux. Mais on ne peut mettre des barrières à l'arrivée d'autres personnes. À La Réunion, c'est compliqué parce que vous avez la réputation d'être particulièrement accueillants, ce qui contribue au grand nombre de candidats. Il faudrait que les élus fassent en sorte que nos jeunes soient mieux armés face à une concurrence extérieure et surtout qu'on encourage le retour de métropole des jeunes une fois formés.