Chaque jour, avec le plus grand cynisme, la Russie repousse les frontières de la barbarie, elle fait usage des armes sans discernement, en ciblant les civils, en visant des écoles, des hôpitaux, des centres commerciaux, des convois humanitaires. Dans les territoires occupés, on assiste à des transferts forcés de populations, enfants compris. Leur libération s'accompagne de la découverte de nouvelles atrocités, comme à Boutcha en avril ou à Izioum plus récemment. Ces images nous indignent, nous choquent, nous révoltent. Elles témoignent de la réalité des opérations russes et de ce que risque le peuple ukrainien. Ce sont autant de violations des lois de la guerre, autant d'actes qui justifient d'agir, autant de monstruosités dont la Russie devra répondre.
On note par ailleurs sur le front la présence de Wagner, société de mercenaires qui prend ses ordres directement du Kremlin, société qui emploie aujourd'hui des criminels russes pour venir combattre sur le front, société dont les méthodes sont bien connues, comme en témoignent ses exactions documentées en République centrafricaine et au Mali.
Enfin, les frappes sur la centrale nucléaire d'Ukraine du Sud et l'occupation militaire de la centrale de Zaporijjia par les Russes font courir des risques inconsidérés à l'Ukraine, à l'Europe et à la Russie elle-même.
Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation à Zaporijjia. L'arrivée sur place d'une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est une première étape. Nous disposons désormais d'informations en temps réel sur la situation et le risque nucléaire. Cependant, l'information n'exclut pas le danger. C'est pourquoi nous soutenons la proposition du directeur général de l'AIEA d'arrêt des tirs et de retrait du matériel militaire de la zone : notre objectif, c'est la démilitarisation.
Nous sommes déterminés à ce que les crimes commis par la Russie soient documentés, jugés et punis, condition essentielle pour le retour d'une paix durable. Nous voulons y prendre part : nous avons décidé d'une contribution exceptionnelle à la Cour pénale internationale et avons fait don d'un laboratoire ADN mobile à l'Ukraine. Des experts de la gendarmerie nationale ont également été dépêchés sur place pour collecter des preuves. L'ambassade de France, qui n'a jamais fermé depuis le 24 février, est pleinement mobilisée afin de faciliter ce travail essentiel.
Au-delà des lignes de front, la Russie agit sur tous les champs : je pense aux cyberattaques ou encore à la multiplication des fausses informations. Au moment où nous parlons, la Russie brandit la menace d'utiliser toutes les armes à sa disposition. N'ayons aucun doute : elle est susceptible d'aller plus loin dans l'illégalité et l'escalade.
Néanmoins, malgré les méthodes inacceptables de la Russie, l'Ukraine tient bon. Elle est parvenue à arrêter les forces russes dans les oblasts de Donetsk et de Louhansk et elle a entamé une contre-offensive qui obtient des résultats. Elle a effectué plusieurs percées dans les régions de Kharkiv et de Lyman et des avancées plus lentes, mais notables, au sud de la région de Kherson. Ces résultats militaires montrent que le courage des forces ukrainiennes et la livraison de matériels militaires occidentaux produisent leurs effets sur le terrain. En reprenant l'initiative sur le front, en bousculant les Russes et en provoquant leur repli, les soldats ukrainiens ont enregistré de véritables succès militaires, qui doivent désormais être consolidés.
Il ne fait aucun doute que le dispositif russe est fragilisé. La mascarade des référendums truqués organisés dans certaines régions de l'Est de l'Ukraine prouve que la Russie se rend compte de sa propre fragilité et cherche à donner un vernis démocratique à son offensive. Le Président de la République l'a rappelé : nous ne reconnaîtrons évidemment pas les résultats de ces prétendus référendums, ni l'annexion illégale de Vladimir Poutine. Ce n'est rien d'autre qu'une nouvelle provocation.