Il y a un peu plus de sept mois, par une attaque illégale, brutale, meurtrière, la Russie a tenté d'envahir l'Ukraine. Beaucoup alors pensaient que le pays ne tiendrait pas et que la puissance russe l'emporterait rapidement. Sept mois plus tard, les combats durent toujours. L'Ukraine progresse et la Russie se retranche dans le cynisme, la menace et le chantage.
Mesdames et messieurs les députés, cette guerre n'est pas seulement un conflit entre deux pays : c'est tout l'ordre mondial d'après-guerre qui est remis en cause. La Russie a menti à la face du monde, violé les lois internationales, et agite aujourd'hui la menace suprême. L'Europe n'est plus une terre de paix et les armes y font à nouveau des morts, des blessés, des déplacés. Certaines nations montrent qu'elles sont prêtes à tout dans leur quête de puissance et, si nous laissons faire, le nouvel ordre mondial qui s'ouvrira sera celui de la loi du plus fort.
Cette guerre, c'est une lutte pour nos valeurs. Vendredi dernier, Vladimir Poutine l'a lui-même reconnu : c'est notre modèle démocratique qu'il attaque, ce sont les droits de l'homme qu'il remet en cause. Poutine n'accepte pas de voir la démocratie s'imposer peu à peu à ses frontières ; alors, il veut intimider et écraser ceux qui y aspirent. Le message du Kremlin est clair : gare à ceux qui voudraient s'émanciper de son joug, gare à tous ceux qui croient en autre chose que l'hégémonie russe.
Alors quand la liberté et la démocratie sont sous les bombes, nous n'avons pas le droit de faiblir, pas le droit de louvoyer. La France et l'Europe doivent être au rendez-vous. Cette guerre, c'est une leçon de solidarité. L'agression violente et délibérée d'un État contre un autre, en violation de toutes les règles internationales et de ses responsabilités particulières de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, est seule responsable de cette guerre et de ses conséquences.
Dans notre réponse face à la Russie, nous devons être solidaires : solidaires des Ukrainiens qui risquent leur vie pour leur liberté ; solidaires, car pour être forts et efficaces, nous devons avancer unis avec l'Europe, avec tous ceux qui partagent nos valeurs.
Le Président de la République l'a dit, ce conflit engage notre responsabilité à tous. C'est un membre de la famille européenne qui est agressé, ce sont nos valeurs qui sont attaquées. C'est notre détermination face au nouvel impérialisme russe qui est éprouvée. Ce conflit dure et durera ; ses conséquences sont concrètes et perceptibles dans toute l'Europe et dans notre pays.
Aussi, comme je m'y étais engagée, je reviens aujourd'hui devant vous, sept mois après le premier débat sur la guerre en Ukraine dans cet hémicycle, pour un débat sur le fondement de l'article 50-1 de notre Constitution.
Avant toute chose, je voulais avoir un mot pour le peuple ukrainien. Les Ukrainiens répondent à l'assaut russe depuis sept mois. Ils subissent les tirs, les bombes, comptent des blessés, des morts et ont tout perdu pour certains, mais ils n'ont jamais renoncé, jamais baissé la tête. Leur courage est exemplaire. Leur résistance, leur héroïsme même, forcent le respect.