Je rends à mon tour hommage à Martial Morin, adjudant-chef du SDIS de la Drôme, décédé après avoir combattu le feu à Tarascon.
Les incendies de forêt qui dévastent nos territoires marquent au fer rouge cet été 2022. La Gironde, que vous connaissez très bien, mais aussi la Bretagne, l'Hérault et bien d'autres territoires subissent des dégâts considérables. Ces feux d'une violence inédite déstabilisent les équilibres socio-économiques locaux, placent des filières économiques dans de très grandes difficultés et font payer – on ne le souligne pas assez – un très lourd tribut à la faune sauvage. Il est probable que des dizaines de milliers d'animaux ont péri par le feu. Et c'est aussi un désastre pour le monde végétal : des arbres parfois vieux d'un demi-millénaire ont été réduits en cendres en quelques minutes.
Ce que je viens de décrire n'est pas un événement ponctuel, ni un mauvais moment à passer. Ce que nous vivons était parfaitement prévu par les climatologues depuis plusieurs décennies. Les années 2020 et 2030 étaient identifiées comme un moment de bascule – si, et seulement si, nous faisions le choix de l'inaction. Or c'est précisément le choix que nous avons fait. Nous sommes donc au pied du mur, entrés de plain-pied dans la décennie critique.
Que d'années perdues, de diversions, de blabla, de fausses solutions, de mépris des écologistes et des organisations non gouvernementales (ONG) environnementales, qui voulaient prétendument imposer une écologie punitive ! Ce terme a d'ailleurs été, pendant de longues années, le paravent de celles et ceux qui défendaient le statu quo. Confrontés aux sécheresses interminables, aux épisodes de grêle dévastateurs, aux pénuries d'eau et aux mégafeux, nous savons maintenant ce qui est réellement punitif. Nous vivons dorénavant dans un nouveau régime climatique. Selon les projections de l'ONU, les incendies dont nous parlons vont augmenter de 50 % d'ici à 2100.
Face à cela, notre réponse collective doit s'articuler autour de deux axes : d'une part, tout faire pour diminuer drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter l'ampleur des bouleversements à venir et de préserver l'habitabilité de la planète ; d'autre part, doter notre pays de forces d'intervention d'urgence, disposant de véritables moyens et capables de réagir face aux catastrophes naturelles, qui vont se multiplier.
L'écologie est aujourd'hui un enjeu de sécurité nationale. Dans ce contexte, les pompiers sont plus que jamais en première ligne, et le seront davantage encore à l'avenir. Rappelons qu'ils sont, dans certains territoires, le dernier rempart face à la désertification médicale. En l'état, on ne peut pas leur demander plus. Pourtant, leurs conditions de travail se dégradent un peu plus chaque année. Depuis 2017, en France, 261 centres de secours locaux ont été fermés. Si nous voulons faire face au nouveau régime climatique, nous avons besoin, très rapidement, d'un réengagement financier de l'État. Les pompiers appellent en outre à la création d'un ministère de la protection civile et de la gestion des situations d'urgence. Le groupe Écologiste soutient pleinement cette demande.
Le moment est venu de nous adapter aux temps inédits dans lesquels nous entrons.