Nous partageons évidemment les constats et les nombreuses fragilités que vous avez décrits. Il existe des spécificités territoriales : les difficultés sont les mêmes, mais les caractéristiques et les ressources propres à chaque territoire et à chaque quartier sont différentes.
Les fragilités identifiées sont vécues dès le plus jeune âge. Quand on parle des quartiers populaires, on doit évoquer l'ensemble de l'environnement de ces habitants, sur les questions du cadre de vie, de l'éducation et de l'emploi. S'agissant de l'emploi dans les quartiers, on ne peut pas uniquement se concentrer sur les données transmises par le ministère du travail. Il convient aussi de prendre en compte l'ensemble des politiques transversales menées en la matière. C'était d'ailleurs l'objectif du Comité interministériel des villes, qui s'est réuni il y a plus d'un an et demi. Ce comité a décidé de lancer une vraie réflexion et conduit l'ensemble des ministères à apporter des réponses pour tenir compte de ces fragilités et spécificités. Il a aussi proposé un changement de méthode, comme vous l'avez indiqué dans votre intervention, en insistant sur le fait qu'il fallait davantage se parler et faire rencontrer l'offre et la demande, c'est-à-dire les dispositifs que nous mettons en place et les besoins des quartiers prioritaires.
Votre étude montre clairement que le taux de chômage a diminué dans les quartiers prioritaires, certes moins vite que dans d'autres quartiers, mais bien plus qu'après la crise de 2008. Votre étude montre aussi qu'il n'y a pas eu d'aggravation durant la crise sanitaire ; je crois qu'il s'agit d'un élément extrêmement important.
Certains parleront de coïncidence. Pour ma part, étant moi-même issue de ces quartiers, ayant moi-même connu les difficultés rencontrées par les jeunes de ces quartiers, et ayant eu la responsabilité du ministère de la ville, j'ai beaucoup de mal à croire aux coïncidences, à la chance et aux miracles.
Je regrette toutefois que votre étude n'aborde pas suffisamment les nouvelles méthodes récemment mises en place, notamment les cités éducatives et les cités de l'emploi. Je note aussi, et je le regrette, que vous n'avez pas eu connaissance de la circulaire signée entre la ministre de la ville – c'était moi-même – et la ministre du travail de l'époque, Mme Élisabeth Borne, qui permet de renforcer le pilotage de l'ensemble de ces politiques en faveur de l'emploi, le plan « 1 jeune, 1 solution » et les cités de l'emploi.
Avez-vous réfléchi à des indicateurs communs qui pourraient être mis en place par le ministère du travail et le ministère de la ville pour mettre davantage en relief le travail effectué ces cinq dernières années ?