Oui, cela compte aussi. Je rappelle au passage que les salaires représentent 95 % du budget de l'éducation nationale.
En répondant à votre question, monsieur Gaultier, je sors un peu de ma fonction. Je ne suis pas du tout partisan de l'effacement, de Colbert ou de qui que ce soit. En tant qu'historien, ce qui me semble important, c'est de faire de l'histoire, de « lire toutes les pages de notre histoire » comme le dit le Président de la République. Il ne faut pas déplacer les statues de celui qui fut, comme nous l'avons appris écoliers, ministre de Louis XIV, mais il faut aussi parler des heures plus sombres de la fin du XVIIe siècle, du grand développement de l'esclavage et de la traite transatlantique.
Pour cela, il ne faut rien effacer. Je me suis exprimé sur cette question : je ne suis pas de ceux qui préconisent le moindre effacement mais je suis persuadé, comme historien et pédagogue, qu'il faut parler de tout, y compris des pages plus difficiles. Il ne s'agit pas là de « repentance » – ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire –, mais de connaissance, et de reconnaissance. Il y a, en France, des mémoires blessées. À ce titre, les cérémonies qui se déroulent chaque année le 10 mai sont importantes. Je pense que la République se renforce en regardant certaines pages de l'histoire de France, plutôt qu'en les mettant de côté.
Madame Parmentier, les difficultés liées à Parcoursup existent. La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, si votre commission souhaite l'auditionner à la rentrée, pourra évoquer devant vous le bilan de la plateforme, qui sera alors complet. Il y a quinze jours, 94 000 jeunes n'avaient pas encore de réponse ; le ministère s'est engagé à ce qu'ils en reçoivent une avant le 9 septembre. Il restait alors 100 000 places dans l'enseignement supérieur.
Comme je l'ai indiqué, Parcoursup est perfectible mais c'est un système qui peut répondre aux besoins des jeunes et de leurs familles. Dire qu'il est sans âme laisse entendre que le précédent en avait une, ce qui n'est pas certain… Il faut reconnaître aussi que la démocratisation, souhaitable, de l'enseignement supérieur entraîne des flux de candidats étudiants bien supérieurs à ceux qui existaient il y a quelques décennies. Cela nous oblige à considérer des méthodes de gestion de ces flux.
Madame Rilhac, les décrets d'application de la loi du 21 décembre 2021 créant la fonction de directrice ou de directeur d'école, portant notamment sur l'avancement et les missions, sont toujours en préparation ; ils seront publiés après concertation, et parallèlement à la réflexion sur « l'école du futur » que nous poursuivrons cet automne.
Les élections des représentants des parents d'élèves se tiendront les 7 et 8 octobre. Nous ne disposons pas des moyens informatiques qui permettraient de sécuriser le vote des 24 millions d'électeurs. Nous réfléchissons au vote électronique, mais pour le moment, sa mise en œuvre serait beaucoup trop risquée.
Je me suis déjà exprimé sur la question des AESH. Sans méconnaître les difficultés, nous engageons avec les accompagnants un processus par lequel ils peuvent, s'ils le souhaitent, obtenir un CDI, avec un temps de travail supérieur aux 24 heures actuelles, donc une meilleure rémunération.
L'enquête PISA, monsieur Fait, montre à quel point le climat scolaire est un élément essentiel dans la qualité de l'apprentissage. Tous mes interlocuteurs, au ministère et au-delà, considèrent que la question du bien-être doit être posée. Cela passe par le renforcement, à raison d'une demi-heure quotidienne, de la pratique sportive dans les écoles. Je signale aussi, à propos de la discipline et de l'ambiance générale dans les classes, que le dédoublement des classes de CP et de CE1 contribue à améliorer le climat scolaire, les relations entre élèves et les relations entre élèves et enseignant.
Cela passe aussi par la lutte contre le harcèlement. À la rentrée, les numéros 3020 et 3018 seront généralisés, tout comme le programme de lutte contre le harcèlement à l'école (PHARE). Il s'agit de sensibiliser les jeunes et, s'il y a lieu, de sanctionner les auteurs de harcèlement. Il convient aussi de lutter contre le cyberharcèlement, un phénomène en pleine croissance, aux effets délétères, notamment sur le psychisme.
Je voudrais dire un mot de l'enseignement à la maison. Des quatre motifs d'autorisation prévus par la loi du 24 août 2021, c'est le quatrième, l'existence d'une situation propre à l'enfant motivant le projet éducatif, qui peut poser problème et susciter des incompréhensions. À l'échelle nationale, 53 % des réponses sont positives – ce n'est pas un « non » unanime, contrairement à ce qu'on peut entendre – mais les écarts sont très forts entre les académies. Dans certains départements, le refus d'autorisation est massif, alors qu'ailleurs, les services académiques fournissent des réponses plus ouvertes. Nous devons équilibrer les choses, instruire les services académiques pour que les réponses apportées au titre du quatrième motif soient harmonisées, cohérentes et stables.
Monsieur Davi, je vous demande de regarder sans œillères, avec un esprit ouvert, les expérimentations menées à Marseille. Les craintes dont vous faites état sont pour l'essentiel sans fondement : il ne s'agit pas de permettre aux directeurs d'école de recruter qui ils veulent ; ce sont des commissions, où siègent un inspecteur d'académie et des enseignants, qui décident. Par ailleurs, le recrutement sur les « postes à profil » est déjà prévu par le code de l'éducation, ce qui nous donne, d'un point de vue réglementaire, une souplesse pour mener ces expérimentations.
Le passé montre que l'école laïque et obligatoire n'a jamais été complètement fermée aux expériences pédagogiques. Plutôt que de rompre avec un modèle républicain, il me semble que nous renouons ici avec une histoire. Expérimenter, regarder ce qui se passe, évaluer, donner à des équipes pédagogiques la possibilité de créer un laboratoire de mathématiques, s'inspirer de pratiques étrangères, tout cela ne me semble pas remettre en cause les principes de l'école républicaine, bien au contraire.