Madame Calvez, nous procéderons en plusieurs étapes. La première consistera en l'organisation, au mois d'octobre, de débats dans les établissements scolaires. Puis les établissements qui souhaiteraient aller plus loin pourront formuler un projet, en s'appuyant éventuellement sur le projet d'établissement. Au premier trimestre 2023, nous sélectionnerons, dans le respect du bon équilibre entre les régions, ceux qui feront l'objet d'un premier financement. Il me semblerait utile que des élus locaux et des parlementaires soient parties prenantes dans ces discussions, et participent au processus de sélection. Il serait bon que la représentation nationale puisse prendre connaissance des projets élaborés dans les établissements.
S'agissant des savoirs fondamentaux, je partage votre analyse, madame Genevard. J'ai déjà eu l'occasion de dire que ce n'est pas en accumulant les heures de maths et de français que les difficultés disparaîtront mécaniquement. Nous devons aussi nous pencher sur les méthodes pédagogiques et sur les contenus. Pour l'heure, nous sommes au milieu du gué : la réforme de l'enseignement des mathématiques et du français dans les écoles élémentaires n'a pas été entièrement évaluée ; on pourra s'en faire une idée plus précise après les prochaines évaluations de début de sixième. Nous avons néanmoins lieu de croire que l'on enregistre des progrès. Nous allons examiner de quelle manière continuer à avancer. J'ai pris bonne note des propositions que vous avez émises et je serai heureux d'échanger avec vous, une fois la phase d'évaluation achevée.
J'ai moi aussi le souci de faire à nouveau des républicains. En vous écoutant, madame Folest, je pensais au projet de Jules Ferry et Ferdinand Buisson à la fin du XIXe siècle. C'était un projet d'instruction publique, mais aussi un projet républicain – un projet moral, en quelque sorte : il s'agissait de « solidifier » la République. Plus d'un siècle plus tard, celle-ci n'est plus confrontée aux mêmes menaces, mais le projet républicain est à repenser, autour de certaines valeurs. Par exemple, l'enseignement moral et civique (EMC), qui est un peu une variable d'ajustement, mériterait d'être revalorisé. Je crois en outre que la République est confortée lorsque ses promesses sont réalisées. Lorsque l'école parvient à mieux répondre au problème des inégalités sociales, la République est confortée. À l'inverse, lorsque les inégalités sociales ne sont pas corrigées, que l'école ne parvient plus, pour de multiples raisons, à répondre aux espoirs qu'elle fait légitimement naître chez les familles, notamment en matière d'ascension sociale, la République vacille. Moi qui suis issu, d'un côté, de paysans du centre de la France et, de l'autre, de cheminots d'Afrique de l'Ouest, je suis particulièrement sensible à cette dimension. Refaire République, ce n'est pas simplement inculquer la devise républicaine, c'est aussi montrer qu'elle est valable, pour tous et toutes, sur tout le territoire national, y compris outre-mer.
Je le répète, madame Frigout : « job dating » n'est pas une expression que je reprends à mon compte. Et s'il est exact que des classes ferment dans le monde rural, ce n'est aucunement lié au dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les REP et REP+, c'est la conséquence d'une baisse démographique tout à fait préoccupante. On entre dans une classe d'âge creuse – entre la rentrée 2021 et la rentrée 2022, on aura perdu 67 000 élèves –, et le phénomène, qui concerne, hormis quelques exceptions, tout le territoire national, va s'accentuer dans les années à venir : on prévoit un demi-million d'élèves en moins sur la durée du quinquennat. C'est pourquoi nous allons procéder à des fermetures de classes, mais avec discernement : il serait absurde de le faire dans des zones rurales isolées ou en milieu urbain.
Il se trouve, madame Piron, que dans une école que j'ai visitée récemment dans l'Orne, on m'a montré en quoi consistait le travail sur la fluence, c'est-à-dire la capacité à lire un texte de manière fluide, au-delà de la compréhension des mots, et j'ai été sensibilisé à son importance pour la bonne maîtrise de la langue française. Une expérimentation est en cours dans l'académie de Normandie. Les mesures prises concernant la classe de sixième – limitation des effectifs, évaluations – et la réflexion engagée afin que l'entrée en sixième représente une marche moins haute pour les élèves en difficulté me semblent aller dans le même sens.
Le ministère de l'éducation nationale garde la pleine autorité sur les lycées professionnels, monsieur Legavre. Que la ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnels soit placée sous la double tutelle de mon ministère et du ministère du travail ne signifie pas que ce dernier prenne la main. Simplement, la question des stages, qui est cruciale, nécessite son concours. L'enjeu est de proposer la meilleure formation possible et de valoriser davantage le lycée professionnel : tel est l'objet du projet de loi qui sera prochainement soumis à la représentation nationale. Les quelque 600 000 élèves de lycée professionnel resteront néanmoins, bien évidemment, dans le giron de l'éducation nationale.
Monsieur Odoul, les principes républicains sont affirmés, et fortement, à travers les programmes d'EMC, la charte de la laïcité et la formation aux valeurs de la République et à la laïcité, qui sera d'ailleurs renforcée selon les besoins de chaque académie. La hausse de 14 % des signalements que vous notez concerne un type particulier d'atteintes à la laïcité, celles relatives au port de tenues à caractère religieux. Pour ce qui concerne l'ensemble des signalements, pour la période de janvier à mars, les chiffres sont stables. En la matière, nous faisons preuve d'une grande vigilance : il est hors de question de baisser la garde. En revanche, je me refuse à en faire une question politique globale ; je m'en tiens à mon champ de compétences, à savoir faire respecter les principes républicains et la laïcité au sein des établissements scolaires et assurer les équipes, à l'échelon tant de l'établissement que de l'académie, de l'attention que le ministère porte à cette question.
Il est vrai, madame Melchior, que certains enseignants choisissent d'être contractuels, parfois même après avoir réussi un concours de l'enseignement. Ils refusent d'intégrer la fonction publique pour pouvoir rester dans leur région d'origine. C'est notamment le cas outre-mer – je me suis entretenu à ce sujet avec vos collègues ultramarins – mais cela concerne aussi d'autres régions. Il reste que nous devons tenir compte des obligations qui pèsent sur les concours nationaux et j'ai dit tout à l'heure au député Maillot, qui m'interrogeait sur ce point à l'occasion d'une question au Gouvernement, que les situations seraient examinées au cas par cas, en particulier dans les outre-mer. Il faut approfondir la réflexion, notamment dans le cadre de la revalorisation du métier d'enseignant que nous souhaitons engager, sur la question de la première affectation et des déplacements géographiques.
Peut-être faisiez-vous allusion à la langue basque, monsieur Echaniz ?
Le 12/10/2022 à 19:13, Aristide a dit :
"La hausse de 14 % des signalements que vous notez concerne un type particulier d'atteintes à la laïcité, celles relatives au port de tenues à caractère religieux. "
J'espère que monsieur le ministre va s'opposer à toute forme de discrimination religieuse et raciale interdisant le port du voile à l'école.
Le 12/10/2022 à 19:14, Aristide a dit :
" Refaire République, ce n'est pas simplement inculquer la devise républicaine, c'est aussi montrer qu'elle est valable, pour tous et toutes, sur tout le territoire national, y compris outre-mer."
Quel désastre, votre République.
Le 12/10/2022 à 19:10, Aristide a dit :
"on m'a montré en quoi consistait le travail sur la fluence, c'est-à-dire la capacité à lire un texte de manière fluide, au-delà de la compréhension des mots, et j'ai été sensibilisé à son importance pour la bonne maîtrise de la langue française."
Lire sans comprendre; c'est la pire connerie que l'on puisse enseigner en classe, j'espère que le ministre va se ressaisir.
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