L'enseignement professionnel a été institué après la guerre pour soustraire la jeunesse à la tutelle des patrons. La décision prise par le Gouvernement de le placer sous la double tutelle du ministère de l'éducation nationale et de celui du travail représente un recul historique des plus inquiétants.
Vous voulez rapprocher l'enseignement professionnel et l'apprentissage, et l'on connaît l'objectif d'atteindre un million d'apprentis, ce qui permet aux entreprises d'utiliser une main-d'œuvre bon marché et qui met en cause les qualifications. Mais il y a un gros problème : sur les 710 000 contrats d'apprentissage conclus en 2021, 37 % concernent des formations de l'enseignement secondaire, autrement dit au-dessous du niveau du bac. Dès lors, comment atteindre l'objectif sans vider littéralement les lycées professionnels de leurs élèves, n'y laissant que des jeunes en très grande difficulté ?
En trente ans, 562 lycées professionnels ont fermé ou ont été amputés de certaines sections. En ce moment même, dans l'académie de Créteil, 2 000 jeunes sortant de troisième sont en attente d'une affectation en lycée professionnel. Vous comprendrez donc, du moins je l'espère, notre extrême inquiétude quant à l'avenir de l'enseignement professionnel et de la jeunesse.