Votre audition était très attendue. Vous ne pouvez ignorer que les cinq dernières années ont été marquées par une forte dégradation du dialogue entre le ministère et la communauté éducative.
Pour les parents d'élèves, en particulier dans les milieux populaires, l'école est une immense source d'espérance et une promesse républicaine, au plein sens du terme. Malheureusement, elle est de moins en moins un creuset d'émancipation et de promotion sociale et de plus en plus une machine à reproduire les inégalités sociales. S'ajoute à cela le fait que, dans les départements populaires comme le mien – la Seine-Saint-Denis –, on donne moins à ceux qui ont moins. C'est assez étonnant au regard des principes républicains, mais telle est bien la réalité de l'école publique, comme l'avait démontré, sous la précédente législature, un rapport parlementaire qui avait fait l'unanimité dans cette commission.
Il y aurait de nombreux sujets à aborder, mais je voudrais vous interroger sur ce qui constitue l'urgence des urgences, à savoir la prochaine rentrée scolaire. Nous nous attendions, au regard des difficultés qui s'amoncellent à l'horizon et des situations critiques qui s'annoncent, à ce que le projet de loi de finances rectificative comporte quelques dispositions permettant de pallier cette urgence. Or tel n'est pas le cas.
Vous avez pris l'engagement qu'il y ait un enseignant devant chaque classe à la rentrée. Nous voulons bien vous croire, mais nous avons déjà entendu des promesses similaires. Par ailleurs, on constate, en particulier en Seine-Saint-Denis, que dès le début du mois d'octobre certains enseignants quittent leur poste. Certains d'entre eux, recrutés sur Le Bon Coin, ne sont même pas francophones et ne peuvent donc pas faire classe. La question n'est pas tant de faire en sorte qu'il y ait un enseignant devant chaque classe à la rentrée que de s'assurer que ce soit le cas pendant toute la durée de l'année scolaire.