14 gendarmes se sont donné la mort depuis janvier 2022, et 12 en 2021. Je veux ici leur adresser un hommage appuyé, ainsi qu'à leurs proches et à leurs collègues. Même si aucun passage à l'acte ne saurait être réduit à une cause unique, l'analyse de toutes ces situations dramatiques met en évidence l'existence de risques psychosociaux inhérents au métier. La qualité de vie au travail doit être questionnée : les conditions matérielles d'exercice (la vétusté des locaux, l'insalubrité des appartements de fonction, notamment domaniaux), la pression liée aux objectifs chiffrés ou le manque de reconnaissance de la hiérarchie peuvent constituer autant de facteurs aggravants.
La directive européenne sur le temps de travail, qui donne à chaque travailleur le droit à 11 heures consécutives de repos par tranche de 24 heures, et à une durée hebdomadaire maximale de travail de 48 heures, n'a toujours pas été transposée pour les gendarmes n'étant pas en opération. Comment alors maintenir un équilibre entre le temps de l'engagement opérationnel, celui du repos, et celui de la formation ?
Le plan de prévention des risques psychosociaux ne prévoit que 2 jours de formation pour les sentinelles chargées de détecter les signaux faibles. Les estimez-vous suffisants ? Quelles garanties de discrétion pouvez-vous apporter pour la consultation des psychologues dans les locaux de la gendarmerie, alors même que cet acte souvent difficile est encore trop souvent considéré comme un aveu de faiblesse ? Seuls 44 psychologues cliniciens sont affectés aux 102 000 gendarmes, soit 1 pour 2 300 : est-il prévu d'améliorer ce ratio ? Enfin, quelle reconnaissance mémorielle la gendarmerie nationale peut-elle apporter à celles et ceux qui, tragiquement, en arrivent à ce geste extrême ?