Vos propos sont tout à fait éclairants mais pas forcément rassurants.
La mer Noire est une zone stratégique, un véritable carrefour énergétique pour l'Europe, avec les détroits de Kertch et du Bosphore, et les millions de barils qui y circulent. Depuis 1853, la France s'y implique continuellement, dans une perspective de stabilité, mais également pour promouvoir et protéger le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Au fil du temps, elle a su nouer des liens et des alliances avec certains pays riverains, comme la Roumanie, la Bulgarie, l'Ukraine ou encore la Géorgie.
Depuis 2014, les conflits en Méditerranée orientale, liés à l'expansion de la Russie, bloquent les flux maritimes et interfèrent avec la présence française en mer Noire, si bien que le déploiement de nos capacités en Méditerranée orientale est régulièrement source d'interactions avec les forces russes, qui comptent bien réinvestir la zone. Dans certaines zones particulièrement contestées, seul le déploiement d'un sous-marin permet à la France d'être présente et, depuis le 24 février 2022, notre marine n'est plus présente en mer Noire, car la convention de Montreux, régissant le passage du détroit du Bosphore, permet à la Turquie d'en bloquer l'accès en cas de conflit.
La France a-t-elle encore la volonté, et surtout les moyens, de s'impliquer en Méditerranée orientale pour maîtriser l'escalade de la violence, contrer l'hégémonie russe dans ces territoires hautement stratégiques et, à terme, regagner la mer Noire, afin de protéger les flux maritimes commerciaux et énergétiques qui l'empruntent ?
La volonté de la Russie de revenir en Méditerranée orientale et ses relations privilégiées avec la Turquie, l'Algérie et l'Égypte, qui sont des acteurs régionaux majeurs, ne doivent-elles pas nous faire craindre une éventuelle implantation de la marine russe dans la partie occidentale de la Méditerranée ?