Je suis très heureux d'entendre notre collègue Rimane s'exprimer ainsi. Comme vous le savez, nos points de vue s'opposent souvent mais, en l'espèce, nous nous rejoignons autour d'une approche pragmatique.
J'ai bien compris que vous souhaitiez organiser, classer et remodeler le système pour en faire un jardin à la française, sous prétexte que c'est ainsi qu'il faudrait procéder, que c'est préférable et que nous le devons à la justice rendue au nom du peuple français. Cependant vous devez aussi tenir compte de la réalité. Il se trouve que les postes ne sont pas attractifs, notamment s'agissant du collège des employeurs. Je ne voudrais pas être maladroit mais, pour un salarié, la situation est un peu différente – cela étant dit sans aucun dédain – car il existe une décharge syndicale et des heures d'absence sont autorisées. L'activité de conseiller, pour un employeur, en revanche, représente autant de temps passé hors de son entreprise. Celle-ci se retrouve alors privée de compétences dont elle a besoin. Or toutes les entreprises ne sont pas adossées à un grand groupe qui a les moyens de mettre des moyens à disposition pour l'intérêt collectif et au nom de la justice.
Nous manquons de candidats. Les chiffres mentionnés dans l'exposé sommaire de l'amendement à propos du conseil de prud'hommes de Paris illustrent bien cette difficulté. Or lorsque, demain, la règle prévue à l'article 8 ter sera appliquée, nous nous priverons de dizaines de personnes. Il faut en être conscient. On se fera peut-être plaisir et la mesure peut sembler louable, mais elle aboutira au blocage du système.
C'est cette dimension très pragmatique du problème qui me préoccupe. Je suis ravi que mon collègue Davy Rimane partage ce point de vue alors que nos approches idéologiques sont parfois très différentes. Ce qui nous guide, c'est l'intérêt des salariés et le bon fonctionnement de cette justice très particulière qui a toute sa raison d'être. N'allez pas la sacrifier avec des mesures qui nous rappellent – et ce sera ma conclusion – que le mieux est l'ennemi du bien.