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Intervention de Laurent Jacobelli

Réunion du jeudi 7 juillet 2022 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Jacobelli :

Je vous remercie, Monsieur le ministre, pour cet état des lieux précis et pour votre volonté de travailler en étroite collaboration avec le Parlement : dont acte. Nous espérons que ce principe sera très vite mis en pratique.

Le contexte international nous invite à revoir drastiquement nos capacités de défense. Le conflit de haute intensité fait son retour aux portes de l'Europe. Nos intérêts, ainsi que ceux de nos alliés, sont menacés à travers le monde, tant par de grandes puissances que par l'idéologie islamiste ou encore de nouvelles formes d'agression, comme les cyberattaques ou les attaques de drone. Face à ces dangers multiples et à l'urgence de garantir notre souveraineté, notre défense doit être renforcée, repensée, adaptée. Cette défense repose sur une stratégie, mais aussi sur des hommes et des femmes, ainsi que sur du matériel. Le personnel doit être formé en nombre et considéré, et les matériels doivent être entretenus et adaptés. Cela demande des moyens. C'est là, à mon sens, que réside le hic.

En 2021, les effectifs des armées, qui devaient augmenter de 300 postes, ont en fait diminué de 485 emplois en équivalents temps plein. Le taux de disponibilité du matériel – c'est-à-dire la quantité de matériel effectivement utilisable – est difficile à connaître, puisque, sauf erreur de ma part, on ne dispose plus des données du ministère. Cependant, un certain nombre de rapports parlementaires et d'études nous montrent que, si la France était attaquée sur son sol, elle ne pourrait – j'espère que c'est faux – tenir que deux semaines.

Nos besoins capacitaires et humains sont donc encore bien supérieurs à ceux estimés il y a quatre ans, lors de la promulgation de la LPM 2019-2025. Cette loi prévoit une augmentation graduelle du budget de la défense, qui doit être porté à 2 % du PIB en 2025. Cet effort est louable, après des années de recul sur les moyens militaires. Cela étant, il faudra compenser les réductions successives du format de nos armées, qui ont conduit à la suppression de 60 000 emplois au cours de la dernière décennie. Il conviendra aussi de rénover et de renouveler notre matériel.

Les 3 milliards d'euros que vous nous promettez pour 2023, qui porteraient le budget à 44 milliards, suivent à la lettre la trajectoire fixée en 2018, ni plus, ni moins. Mais, entretemps, la guerre en Ukraine et l'inflation, qui devrait atteindre 8 % cette année, sont passées par là et nous montrent que ce budget, qui pouvait être présenté hier comme volontaire, est aujourd'hui obsolète et insuffisant.

Face à tant d'incertitudes, il est urgent, Monsieur le ministre, de revoir à la hausse le budget de nos armées pour les trois années qui viennent. En effet, dans ce domaine comme dans bien d'autres, nous n'imaginons pas que la France soit déclassée, dépassée. Nous le devons aux personnels militaires, auxquels vous avez rendu hommage – et notre groupe s'associe à votre geste –, ainsi que, bien évidemment, à nos compatriotes, dont la sécurité ne pourra jamais être considérée comme une variable budgétaire mais toujours comme une priorité absolue. Êtes-vous prêt, Monsieur le ministre, à travailler à un effort budgétaire avec le Parlement ?

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