Il vise à réduire la possibilité d'orienter les poursuites vers la procédure de comparution immédiate, ce pour plusieurs raisons. Premièrement, nous nous interrogeons sur les conséquences de l'immédiateté de la justice sur les droits de la défense ; c'est un sujet fondamental, en particulier dans un système où la présomption d'innocence prévaut et doit être défendue. Deuxièmement, nous ne pouvons pas ignorer la complexité de telle ou telle affaire. Enfin, nous posons la question plus générale du rapport entre la justice et le temps : nous ne sommes pas certains qu'une justice rapide soit une bonne justice, y compris pour l'individu mis en cause – je pense surtout aux jeunes gens. Mais après les numéros verts, voilà que vous sortez les flyers : elle est bonne, celle-là ! On ne va tout de même pas jouer avec cela, d'autant que les difficultés éducatives sont largement connues.
Bref, la vitesse à laquelle la justice est rendue est une vraie question. Dans un nombre de situations, le fait d'expédier rapidement une affaire n'est pas forcément positif. Nous l'avons constaté en matière de divorce : on a souhaité accélérer, simplifier les procédures et privilégier les logiques de médiation, ce qui n'a fait qu'augmenter les contestations, en particulier au moment de décider de la garde des enfants.
J'insiste, nous voulons réduire le champ de la comparution immédiate, car nous craignons qu'elle ne relève pas d'une bonne justice. Il est évident que les magistrats ne sont pas en dehors du monde – heureusement, me direz-vous !