Je suis frappé par votre aveuglement social. Vous prenez cette mesure, soi-disant pour ménager les locataires et les bailleurs, comme si leurs situations sociales étaient comparables ! Les locataires sont surtout des salariés, plutôt jeunes, précaires et faiblement rémunérés. Les bailleurs, en particulier s'ils sont multipropriétaires, perçoivent en général un revenu élevé, sont plus âgés, et ont constitué leur patrimoine par l'héritage. On ne peut pas balayer d'un revers de la main ces données sociologiques quand on prend une décision politique. Dit autrement, la nouvelle augmentation de l'IRL, qui s'ajouterait à celle de l'année dernière, représenterait un transfert de 5 milliards d'euros de la poche des locataires vers celle des bailleurs. Compte tenu de la concentration du patrimoine entre les mains de 3,5 % des propriétaires, ces derniers empocheraient, à eux seuls, 2,5 milliards ! Votre décision politique aurait pour conséquence d'aggraver encore davantage les inégalités sociales.
Enfin, depuis le début, seul l'argument social est évoqué pour demander de geler les loyers. Mais des raisons économiques peuvent également être avancées. Le niveau très élevé des prix de l'immobilier entretient la bulle immobilière. Il faudra bien la faire dégonfler et le gel des loyers, en affaiblissant la rente locative, pourrait être une solution. Je comprends très bien que le président Kasbarian ne soit pas d'accord avec moi car, en l'espèce, nos appréciations divergent. Il est bien évident que les gros propriétaires veulent que les prix restent élevés mais l'intérêt général, en particulier celui des locataires ou de ceux qui cherchent à accéder à la propriété, commande de faire baisser les prix de l'immobilier dans les prochaines années.