Cette proposition de loi est-elle classique ou singulière ? Vos propos prêtent en effet à une certaine confusion. Mon amendement CE2 vise à en supprimer l'article unique, qui n'a pas sa place dans nos débats. Nous ne devons pas contourner les procédures – car c'est bien de cela qu'il s'agit. De fait, l'élaboration d'un nouveau PLUi intégrant le projet autoroutier nécessiterait de nouvelles études d'impact environnemental, demandées par la MRAE. C'est précisément pour contourner cette obligation que vous recourez à la loi. C'est un moyen très dangereux, qui peut créer un précédent et qui est, du reste, anticonstitutionnel. Si vous pouvez, en 2023, alors qu'il existe des alternatives ferroviaires, juger qu'un projet autoroutier est d'intérêt général alors qu'il artificialise les sols et détruit tant la biodiversité que l'agriculture, c'est que nous ne vivons résolument pas à la même époque.
Cette proposition de loi nous fait outrepasser notre rôle de législateur. Au-delà de ses effets très importants sur la biodiversité, la destruction des zones humides est un véritable danger. Face à la menace de sécheresse, nous avons besoin du stockage des eaux, de l'épuration et de toutes les fonctionnalités écologiques que nous procure ce territoire, primordial en termes de résilience.
Nous n'avons pas besoin de construire une nouvelle autoroute, mais de préserver l'existant. C'est tout le sens du zéro artificialisation nette, et toutes celles et tous ceux qui sont attachés au vivant doivent en prendre conscience. Mais c'est normal : ce projet remonte à quarante ans, à une époque où la situation et la prise de conscience des enjeux environnementaux étaient différentes.
Ce texte exprime une vision dépassée de la mobilité. Ce n'est pas avec une nouvelle autoroute qu'on désenclavera un territoire. Plus de routes, c'est plus de voitures, c'est toujours démontré. Comment atteindre les objectifs de réduction des émissions d'une loi de programmation énergie-climat si vous soutenez de tels projets ?