Je crois que vous vous trompez de pays, madame la députée, et que vous devriez vous rendre dans les pays de la CPE pour voir ce que sont une démocratie menacée et un État de droit menacé. Les mots ont un sens : le simple fait que vous puissiez vous exprimer comme vous venez de le faire – j'en suis très heureuse –, que vous puissiez manifester dans la rue et que nous ayons un hémicycle avec des débats certes animés mais dans lesquels chacun a le droit de parler, n'est un acquis pour personne dans le monde.
Je ne crois pas qu'ici les manifestants soient payés ; c'est parfois le cas ailleurs. Je ne crois pas que nous n'ayons aucune pluralité des médias : ils rapportent d'ailleurs toutes les manifestations. Je ne crois pas que notre justice ne soit pas indépendante.
Quand on commence à attaquer l'État de droit dans un pays démocratique, comme vous venez de le faire avec vos paroles, je m'inquiète. Dans certains pays, l'État de droit est chahuté et menacé. Des procédures sont d'ailleurs en cours, dans l'Union européenne, pour le rétablir. Nous essayons de former les pays, notamment les candidats à l'adhésion, pour assurer et solidifier les institutions de l'État de droit.
Un État de droit menacé, c'est un État dans lequel la presse est détenue par une personne ou un monopole ; un État de droit menacé, c'est un État dans lequel les juges ne sont pas indépendants. Ici, il y a une presse de gauche et une presse de droite. On peut ne pas aimer l'une ou l'autre mais le fait est qu'elles existent.
Un État de droit, c'est un État dans lequel on fait des enquêtes pour corruption. On peut déplorer qu'il y ait de la corruption mais des enquêtes sont conduites.
Un État de droit, c'est un État dans lequel on protège le financement des partis politiques. S'il est un pays où on le fait bien, c'est le nôtre.
Cela fait partie des piliers de l'Union européenne.
Je vois partout, aux frontières de l'Union européenne, ce qu'est une démocratie en danger. Je suis choquée et effrayée que l'on fasse une analogie avec la France. Cela signifie qu'on ne prend pas la mesure des choses et qu'on a oublié ce que peut être un vrai danger pour la démocratie. Je vous enjoins à aller vous promener dans les pays autour de l'Union européenne.