Je salue et je remercie Mme MacGregor, directrice générale d'Engie, d'être parmi nous. Je vous accueille avec beaucoup de plaisir et beaucoup d'intérêt.
Il était essentiel que vous veniez devant nous car notre commission est particulièrement préoccupée par les enjeux et les impératifs des transitions écologique et énergétique, l'une allant de pair avec l'autre dans un environnement mondial par définition interdépendant. Nous avons procédé à plusieurs auditions sur cette thématique et invité, en novembre dernier, le président-directeur général du groupe TotalEnergies, qui nous a livré sa vision de cette question fondamentale pour les années à venir. Notre commission a aussi récemment autorisé la publication d'un rapport d'information de nos collègues Barbara Pompili et Carlos Martens Bilongo sur le bilan de la COP 27 et les enjeux de la COP 28.
Dans le prolongement de nos auditions, et m'étant engagé à poursuivre nos consultations d'intervenants éclairés sur ces sujets, il m'a semblé logique et naturel de ne pas nous en tenir à la vision d'un seul opérateur important du secteur de l'énergie. De ce fait, vous entendre relevait de l'évidence, en raison de la place éminente qu'occupe Engie dans les mutations de nos sociétés et de nos économies vers des énergies décarbonées.
Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, madame, je soulignerai que vous êtes l'une des rares dirigeantes de l'une des entreprises du CAC 40. Ingénieure diplômée de Centrale, vous avez travaillé de longues années chez Schlumberger. Vous avez notamment dirigé des activités de forage au Congo, en mer du Nord, aux États-Unis, en Malaisie, au Royaume-Uni et en France. Nommée directrice générale d'Engie le 2 octobre 2020, vous êtes entrée en fonctions le 1er janvier 2021.
Né le 22 juillet 2008 d'une fusion entre Gaz de France (GDF) et Suez, Engie est le troisième groupe mondial du secteur de l'énergie, hors pétrole. Il est présent sur trois grandes activités : l'électricité, le gaz et les services à l'énergie. Vous exploitez des centrales nucléaires, mais investissez beaucoup dans les énergies renouvelables, et notamment l'éolien. Vous jouez également un rôle éminent dans l'approvisionnement et la distribution du gaz.
Dans un contexte de guerre en Ukraine qui se prolonge, le renchérissement des tarifs de toutes les sources d'énergie s'ajoute aux multiples paramètres entrant dans la réflexion et l'appréciation que nous devons collectivement avoir pour préparer au mieux l'avenir.
La cause de la transition vers une société et une économie décarbonées ne souffre pas la contestation. L'accord de Paris de 2015 a représenté à cet égard une avancée majeure et personne ne peut raisonnablement douter de la nécessité absolue de réduire les émissions de CO2 pour permettre à l'humanité d'éviter de subir l'accumulation de catastrophes ou de phénomènes naturels extrêmes.
Au sein de cette commission, nous avons le sentiment que nous déployons une forme de frénésie d'activités et d'initiatives visant à lutter, sur le sol national, contre le réchauffement climatique alors que, en réalité, l'enjeu est fondamentalement planétaire. Nous vivons sur une seule planète, composée de 193 États souverains et indépendants, mais avec une seule menace. L'essentiel se passe à l'international, en Chine, en Inde, aux États-Unis, en Afrique et également en Europe, notamment en Allemagne, mais pas nécessairement en France. Par conséquent, nous aimerions que vous nous aidiez à opérer cette révolution copernicienne en cessant d'être concentrés sur nous-mêmes.
La deuxième observation, qui se dégageait spontanément de l'audition de M. Patrick Pouyanné, est que le problème est fondamentalement un problème de remplacement du recours à des énergies fossiles non-renouvelables par un recours à des énergies renouvelables et surtout décarbonées.
Nous savons que ce mouvement sera très progressif. Les énergies classiques, qui émettent du carbone, seront nécessaires pendant encore un certain temps. Le problème est de positionner le curseur entre notre dépendance aux énergies traditionnelles et notre capacité à en créer de nouvelles. Il y a donc une certaine absurdité à défendre l'idée qu'une personne qui exploite des énergies non-renouvelables est nécessairement coupable, alors que l'on sait que ce sera nécessaire pendant un certain temps. De la même manière, même si nous ne pouvons plus acquérir que des voitures électriques en 2035, comme cela est prévu par la règlementation européenne, il subsistera un stock immense de voitures dans le monde fonctionnant de manière traditionnelle. Tout le problème réside donc dans le rapport entre les énergies fossiles et le recours aux énergies renouvelables.
Dans ce contexte, le groupe Engie apparaît comme un acteur absolument formidable car vous exploitez et distribuez toutes les énergies, ou presque. Vous avez ainsi une vision panoptique du problème. C'est la raison pour laquelle il est précieux pour notre commission de vous entendre aujourd'hui.