Cet amendement de suppression a pour objet d'éviter de perdre les forces médicales en présence. Nous l'avons rappelé, la coercition n'est pas la bonne méthode. L'obligation de prendre des gardes ne l'est pas non plus : cela dépend de la composition des territoires, de l'âge des médecins. Ne décourageons pas les professionnels qui poursuivent leur carrière à un âge avancé en les obligeant à prendre des gardes ! Faisons aussi attention aux centres de lutte contre le cancer, qui ne sont toujours pas reconnus comme participant à la permanence des soins : par définition, ils n'ont pas vocation à prendre en charge de nouveaux patients, mais à suivre au long cours des patients atteints d'une pathologie chronique. J'en profite pour dire que ces centres sont largement sous-dotés : en effet, en quelques exercices, leur financement est passé de 15 millions d'euros à 1,5 million.
Le repos de garde désormais obligatoire dans certaines structures constitue une avancée. En revanche, quand un médecin libéral, après avoir pris en charge deux ou trois patients lors d'une garde en nuit profonde – de minuit à huit heures du matin –, n'est pas en mesure de faire face aux cinquante ou soixante patients qui viennent le consulter le lendemain matin, je doute que l'offre de soins en sorte gagnante.
Globalement, ces mesures ne seraient pas négatives si nous disposions d'un nombre de médecins suffisant dans chaque territoire. Face à cette pénurie, je me méfie de tout ce qui va contraindre ou décourager la participation, notamment des plus jeunes, à la permanence des soins dans les territoires, et je crois davantage en l'incitation. Croyez-moi, de par mon expérience – non pas en tant que médecin, mais en tant qu'élu local –, je peux en témoigner : dans les périodes très denses, il m'est arrivé de refuser, avec l'agence régionale de santé, de rendre la garde obligatoire pour les médecins dès lors qu'ils n'étaient pas en nombre suffisant.