Je suis encore plus défavorable à l'amendement après avoir entendu sa justification : ce n'est pas parce que le dispositif s'appliquera aux médecins qu'il faut nécessairement l'étendre aux infirmiers, dont l'exercice professionnel est tout à fait différent. Penser le contraire prouve une grande méconnaissance de la réalité des territoires.
Les infirmières seront indispensables pour réussir le virage domiciliaire et ambulatoire. Or, alors qu'elles supportent déjà des charges très importantes en raison de l'augmentation des prix du carburant et l'absence de revalorisation de leurs actes depuis 2009, vous voulez leur imposer de nouvelles contraintes : arrêtez de fouetter les chevaux. Rencontrez le collectif « Infirmiers libéraux en colère », vous verrez qu'il soutient de toutes autres propositions. Faites plutôt des propositions constructives, comme l'élargissement de la liste des produits que les infirmiers sont autorisés à prescrire pour gagner en cohérence. Ils voudraient, par exemple, pouvoir prescrire les bandelettes lorsqu'ils prescrivent un appareil à dextro, ou du sparadrap lorsqu'ils prescrivent des compresses. Voilà une mesure qui faciliterait leur pratique.
En outre, l'amendement est totalement contradictoire avec l'article 1er , qui renforce les conseils territoriaux de santé (CTS). J'y étais d'ailleurs opposé. Il existe une importante porosité entre les différents modes d'exercice des infirmières – hôpital, libéral, Ehpad. Dans certains territoires, la situation évolue souvent, certaines infirmières exerçant en libéral reprenant un poste hospitalier, ou inversement. En leur ajoutant encore des contraintes, on perdra toute flexibilité sur le territoire alors qu'on est déjà en pénurie de professionnels. Alors, de grâce, rejetons cet amendement.