Monsieur le ministre, merci pour vos propos. J'ai eu la chance d'être maire pendant seize ans et de travailler avec deux secrétaires de mairie exceptionnelles qui jouaient un rôle de conseil, nouaient un lien avec les habitants et délivraient des renseignements variés. Il convient peut-être de se pencher sur le terme de « secrétaire ». En effet, même si je n'ai absolument rien contre les secrétaires, cette appellation est peu constructive et peu valorisante. Ainsi, je partage les interrogations de mes collègues quant aux moyens d'accroître l'attractivité de ce formidable métier.
Par ailleurs, je pense que nous avons avancé trop rapidement sur la question du numérique, notamment dans des départements comme celui des Ardennes. Je reçois dans ma permanence de nombreux citoyens qui rencontrent des difficultés dans la prise d'un rendez-vous médical ou d'un rendez-vous pour une carte d'identité, ou bien dans leur déclaration d'impôts. De nombreuses personnes âgées n'ont pas encore été familiarisées à ces techniques. Dans vingt ans, toute la population aura utilisé un ordinateur dans le cadre de son emploi, mais tel n'est pas encore le cas aujourd'hui.
Cette question de l'accès aux démarches renvoie également au sujet des maisons France Services. Il y a quelques années, j'avais interrogé Jacqueline Gourault, alors ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, sur la pertinence de l'échelon cantonal dans la mise en place des maisons France Services. Je rappelle que la refonte de la carte cantonale menée en 2014-2015 sous le mandat de François Hollande a été un grand échec : un certain nombre de territoires ont été redécoupés de manière incohérente et l'échelon cantonal, tel qu'il existait depuis la fin du XIXe siècle avec un chef-lieu entouré de petites communes, a été remis en cause.
À mon sens, cet échelon géographique n'était pas adapté à l'implantation des maisons France Services telle qu'elle a été décidée au cours du premier mandat d'Emmanuel Macron.
Enfin, je souhaite évoquer le monde de l'éducation nationale. J'ai conscience que vous partagez cette compétence avec votre collègue du Gouvernement, mais de nombreuses personnes nous demandent de les aider, car elles ont été affectées très loin de leur lieu d'habitation. Certes, l'attractivité d'un poste d'enseignant peut passer par une revalorisation salariale, mais aussi par la prise en compte des besoins dans l'affectation sur un premier poste. Un éloignement trop important peut décourager certaines personnes qui souhaitent devenir enseignant.