Créer son emploi ressemble à ce que faisaient les ouvriers agricoles. Ils passaient quatre mois dans les champs de canne, puis deux mois dans la maçonnerie. On ne peut pas dire que ce soit incitatif pour les jeunes d'aujourd'hui. Cela ne fonctionne pas. Créer son propre emploi, non. Aujourd'hui, le souhait est de vouloir se former pour accéder à un emploi, à la condition de profiter d'un univers qui offre des potentialités. Chacun rêve que son enfant réussisse, y compris parmi les populations les plus précaires. Ces dernières ont cependant face à elles leurs équivalents mieux formés, avec des niveaux de rémunération qui profitent des 40 %. Cette question des 40 % forme un obstacle à la cohésion. Ceux qui perçoivent les 40 % considèrent qu'il s'agit de la seule perspective pour faire face à la vie chère. La sur-rémunération mérite d'être abordée de manière plus vigoureuse. Un changement doit s'opérer. L'enfant d'un professeur qui devient lui-même professeur percevra également ces 40 %. L'enfant d'une femme de ménage ou d'une chômeuse échouera dans sa scolarité. Il faut casser ce modèle, ce qui suppose un investissement en faveur des populations précaires. La demande est aujourd'hui plus forte sur la contribution des populations favorisées au sein même de la société. Tout ne doit pas venir de l'extérieur. Nous devons être capables d'accepter un nouveau partage des richesses, mais aussi des potentialités. Cette perspective suppose de toucher à la sacralisation des 40 %. Il ne s'agit pas de supprimer son volume économique, mais de le transférer à des investissements publics plus larges.