Intervention de Claude-Valentin Marie

Réunion du jeudi 11 mai 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Claude-Valentin Marie, sociologue et démographe, ancien vice-président de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), conseiller pour l'outre-mer auprès de la direction à l'Institut national d'études démographiques :

Il faut aussi citer les phénomènes socioculturels. À La Réunion, il existe ce rapport à la terre et à la famille, une réalité que nous avons un peu perdue dans les évolutions socioculturelles et ethnoculturelles de nos développements. La part des jeunes Réunionnais diplômés en métropole est de très loin inférieure à celle des jeunes Martiniquais ou Guadeloupéens, non pas parce qu'on a interdit aux uns et permis aux autres. Ils ont fait leur choix. Ils croient davantage en l'avenir de La Réunion que nous-mêmes nous croyons en l'avenir des Antilles. Cet aspect n'est pas négligeable dans l'organisation et la cohésion d'une société.

Nous trouvons de la précarité et de la violence à La Réunion, il ne faut pas non plus peindre un tableau idyllique. La perspective, pour les années 2040 à 2050, est une population de près d'un million d'habitants. Quelle est la perspective de la Martinique et de la Guadeloupe si nous restons dans la tendance d'aujourd'hui ? Elle montre une population équivalente à celle de 1946, selon une structure de population différente. Il s'agit de la pyramide inversée de celle de La Réunion. Les chiffres et classements d'âges reflètent des histoires de vie, de société et de formes de socialisation. L'action publique est un instrument de la socialisation et d'ouverture des parcours. Nous sommes aujourd'hui en déficit dans ce domaine.

Nous ne sommes pas des spécialistes de ces questions. Notre travail consiste à identifier les indicateurs qui permettent de constater les difficultés, les enjeux, les aspirations, avec le souhait de les rationnaliser. C'est ce que nous avons fait en évoquant la famille monoparentale et le risque d'une reproduction à l'identique de la précarité. Il s'agit d'une réalité plus spécifiquement martiniquaise, justifiant la mise en place d'une politique elle aussi spécifique.

Les sociétés ont évolué de la même manière sur le plan institutionnel. Dans la réalité, elles apparaissent différentes les unes des autres et obligent à repenser les instruments de leur devenir. Les politiques publiques supposent des investissements importants. En sachant que les enjeux sont les mêmes, peut-être faut-il prévoir une mutualisation de certaines choses.

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