Vous dites qu'il y a peu de corrélations entre la croissance démographique et l'augmentation, ou non, des inégalités. Peut-être n'y a-t-il pas de lien entre les deux. Vient ensuite la question des inégalités. Au début des années 2000, nous étions dans une situation particulière à La Réunion et aux Antilles. La sur-rémunération était disponible mais, en même temps, les minima sociaux étaient inférieurs à ceux versés en métropole. Cette situation n'existe plus. Les inégalités ont-elles vraiment augmenté ? Je ne le sais pas. Par contre, sont-elles moins tolérables ? Il est de plus en plus difficile d'accepter ces questions d'inégalité.
S'agissant de la relation avec la démographie, les causes ne sont pas les mêmes. À Mayotte, les personnes qui arrivent et celles qui sortent sont très marquées par leur niveau d'éducation et de revenus potentiels. Une partie des natifs de Mayotte quitte l'île pour rejoindre la métropole. Les personnes qui arrivent affichent un niveau d'études qui ne peut pas être matérialisé en termes de revenus. La situation illégale contribue aussi aux difficultés.
Aux Antilles, les personnes qui restent suivent des trajectoires de vie leur offrant un revenu inférieur à celles qui partent. Les migrations peuvent jouer sur ces facteurs d'inégalité. Une population se compose d'un ensemble dans lequel on entre et duquel on sort. Vous pouvez avoir autant d'entrées que de sorties, ce qui ne change rien en matière d'effectifs. Par contre, sa composition peut fortement varier. Les migrations expliquent aussi peut-être ces inégalités croissantes.
Je pense que les inégalités sont de moins en moins tolérables et tolérées et de plus en plus discutées.