Dans l'Hexagone, nous avions, en 2020, 258 000 personnes natives des Antilles, c'est-à-dire l'équivalent de la population de la Martinique en 1954. Cela vous donne une idée de l'importance de la chose. Cette accélération du temps dans les bouleversements est un élément important dans nos considérations.
La seconde chose que vous voyez, c'est que les situations ne sont pas exactement identiques d'un département à l'autre. Mayotte a une part très importante de jeunes qui partent encore plus jeunes, mais qui reviennent, en précisant que, dans les âges plus anciens, beaucoup ne sont jamais partis. À La Réunion, les jeunes sont moins enclins à partir, donc ils sont en proportion moindre, relative à la population totale des natifs de La Réunion en métropole, que le sont les Antillais. De ce point de vue, nous avons quelque chose de différent.
Dans ces populations jeunes, la grande majorité des jeunes de 20 à 34 ans est diplômée du supérieur. Pour vous donner un exemple très concret, en 2017, plus de la moitié des jeunes adultes antillais âgés de 20 à 34 ans diplômés du supérieur étaient installés en France métropolitaine.
Vous voyez un mouvement général de migration, une mutation interne dans ces migrations et une sélectivité de plus en plus marquée. Il ne s'agit pas simplement de la possibilité de partir, mais de l'impossibilité de s'installer durablement en métropole, ce qui n'est pas la même chose.