Corsair est présent depuis plus de 35 ans sur les liaisons ultramarines, essentiellement les Antilles, La Réunion et Mayotte. Je tiens à souligner une spécificité puisque la très grande majorité des actionnaires de la compagnie Corsair sont des actionnaires ultramarins basés dans les Antilles, mais pas uniquement, avec une autre spécificité. Nous comptons en effet les deux collectivités territoriales de Guadeloupe et de Martinique dans notre actionnariat qui connaissent parfaitement nos comptes. Nous sommes bien évidemment totalement transparents vis-à-vis de ces actionnaires qui font pression pour la compétitivité de nos tarifs au profit des populations ultramarines.
Les lignes ultramarines représentent deux tiers à 70 % de notre chiffre d'affaires. C'est un aspect absolument vital pour nous qui ne pouvons que travailler en osmose avec notre écosystème ultramarin.
Nous avons ouvert des lignes au départ de la province vers les Antilles et vers la Réunion. Nous sommes le seul transporteur à procéder de la sorte malgré une situation financière à présenter. D'importants investissements en matière de modernisation de la flotte ont été réalisés puisque nous avons acquis cinq appareils Neo de dernière génération. Quatre autres ont été commandés et seront livrés au cours de l'année 2024. Notre flotte sera ainsi entièrement renouvelée, ce qui est majeur pour l'aspect du développement durable. Nous nous investissons dans le soutien économique et social aux populations locales. Nous avons créé des bases de personnel navigant et commerciaux aux Antilles et à la Réunion. À ce titre, nous avons embauché en CDI des jeunes ultramarins qui étaient précédemment inscrits à Pôle emploi.
Nous investissons dans la formation. Je souligne à cette occasion le projet très ambitieux que nous avons aux Antilles avec Mme Marie-Claude Valide. Nous nous voulons être un acteur engagé aux côtés des populations ultramarines. En outre, nous sommes parfaitement conscients que le transport aérien pour les Ultramarins n'est pas un luxe, mais un besoin vital, un produit de première nécessité. Une grande sensibilité aux prix est de fait tout à fait normale.
Au reste, certains pourraient penser que les compagnies aériennes font des bénéfices considérables sur la base de tarifs sur lesquels nous pourrons revenir. La réalité n'est pas là ; tous mes collègues l'ont souligné, nous avons été très secoués par la crise de la Covid-19. Si les compagnies aériennes faisaient de gros bénéfices, je pense que cela se saurait. Pour ce qui concerne Corsair, nous avons subi de très grosses pertes durant les années de pandémie. Je suis en train d'essayer de renégocier la dette et de restructurer la dette avec l'État ; la situation financière est par conséquent très tendue.
Je souhaite ainsi balayer un premier élément selon lequel Corsair ferait des marges considérables dues à des tarifs prohibitifs – et je pense qu'il en est de même pour mes collègues. Par ailleurs, on entend souvent parler de comparaisons par rapport à l'année 2021 et 2022, qui n'est pas une année pertinente puisque c'est une année anormale durant laquelle nous avions très peu de capacités. Nous observions de plus une concurrence très forte parce que les compagnies avaient majoritairement réorienté leurs capacités sur les liaisons ultramarines, de nombreuses liaisons internationales étaient alors fermées. Cette comparaison n'est pas pertinente. Mieux vaut se baser plus en arrière. Le baromètre de la direction générale de l'aviation civile, par exemple, prend le point de référence 2017. Nous nous apercevons alors que la hausse est bien plus modérée.
Je tiens à préciser que nous continuons à faire les promotions. Corsair présente actuellement un tarif promotionnel très largement offert, qui n'est pas réservé à des classes de réservation spécifiques, à 489 euros toutes taxes comprises. Je constate qu'en 2015-2016, nos tarifs promotionnels étaient plus élevés que ceux que nous faisons aujourd'hui. Tout dépend donc du point de référence. Les années 2021 et 2022 ne sont pas pertinentes cependant.
Enfin, j'estime que nous avons besoin de votre soutien pour baisser les prix. Le prix de l'aérien est la résultante de diverses composantes. Il ne s'agit pas de s'en prendre uniquement aux transports aériens. La hausse de nos coûts de production doit en effet être intégrée, de même qu'une inflation générale, car tout augmente considérablement.
Abordons somme toute la situation spécifique des collectivités ultramarines avec des monopoles comme celui de la société anonyme de la raffinerie des Antilles (SARA) aux Antilles, par exemple, qui me paraît un abus clair et manifeste de position dominante – et je ne suis pas le seul à le penser. Je pourrai vous communiquer des évolutions de chiffres mettant en avant un différentiel de prix entre le prix payé par Corsair à Orly et le prix payé aux Antilles qui n'est absolument pas justifié. Cette augmentation est survenue en avril-mai que toutes les compagnies aériennes l'ont attaquée. Nous soulignons par ailleurs l'imposition à La Réunion au 1er octobre 2022 d'une taxe prétendument justifiée par l'augmentation du transport du fret maritime. Il est effectivement possible de focaliser sur les compagnies aériennes, la composante du prix résulte toutefois d'une agrégation de nos coûts d'exploitation. Il serait pertinent de nous interroger sur la manière de réduire le niveau de nos coûts sur les territoires ultramarins, de réduire le niveau des redevances des navigations aériennes ainsi que le niveau des redevances aéroportuaires. Je précise qu'à chaque fois, nous avons affaire à des monopoles ; nous savons bien que le monopole n'est pas l'élément le plus positif pour l'aspect de la compétitivité des prix ou les avitailleurs en carburant. C'est là où nous avons besoin de votre aide.
Enfin, je suis prêt à m'engager à restituer au consommateur toute baisse des coûts de production dont nous bénéficierions, par exemple parce que le pétrole serait moins cher aux Antilles où les aéroports également feraient des efforts pour diminuer le niveau de la redevance aéroportuaire.