Je reviens sur le terme « exponentiel » : si 40 % ne représentent pas une augmentation exponentielle au regard de l'exemple que vous avez pris et que j'allais citer, 40 % de 200 euros et 40 % de 1 000 euros ne donnent pas le même résultat en valeur absolue. Or, je considère que 40 % d'augmentation représentent une hausse exponentielle.
J'entends que ces données sont finalement assez supportables. Considérons cependant des populations qui sont pauvres, et je pense à Mayotte que je connais. Lorsque l'on part de Dzaoudzi pour aller à Paris, on part vers l'ouest. Quand on part de Saint-Denis de La Réunion vers Paris, on part vers l'ouest. Or, il y a déjà une heure trente de vol d'écart. Comment expliquer que le billet au départ de Dzaoudzi en direction de Paris est plus cher que lorsque l'on part de La Réunion en direction de Paris ? On me dit que le carburant est en cause. L'avion qui fait Dzaoudzi – Paris ne prend pas de carburant à Dzaoudzi, mais à Nairobi. S'agissant de Mayotte, le carburant ne joue donc pas.
Par ailleurs, j'ai entendu dans votre exposé que vous vous intéressiez aux constructions des aéroports et qu'il n'existait pas de monopole de transport. Dans les quelques exemples que vous avez cités, je n'ai pas entendu Mayotte. Je souhaiterais savoir si Mayotte était une situation de monopole qui, à mes yeux, est délibérément organisée par la DGAC.
Un problème d'infrastructures aéroportuaires ressort en effet. La question de la piste de Dzaoudzi est posée depuis 1985. Des études de faisabilité ont été menées, et à chaque fois, le sujet a été reporté. Il semblerait désormais que le site qui avait été choisi ne soit plus correct en raison des territoires ; on trouve toujours le moyen de ne pas engager le projet. Les contrôleurs aériens sont ailleurs. À plusieurs reprises, les avions n'ont pas pu partir de Paris pour aller à Dzaoudzi en l'absence de contrôleur à l'arrivée et en l'absence de sécurité. Des accords ont été signés par la DGAC à Dzaoudzi sur le plan diplomatique, avancée considérable en raison notamment des revendications territoriales que nous connaissons, nous avons tous applaudi, notamment avec des pays africains. Or, aucun impact n'a été constaté sur le territoire. Nous n'avons qu'une compagnie.
Est-ce en raison de la capacité financière de la France que vous avez bloqué la volonté de venir à Mayotte ? Nous avons besoin que la DGAC nous éclaire sur tous ces sujets. Cette description que je viens de dresser participe très largement à l'enchérissement du transport en commun, parce que nous n'avons qu'un opérateur. Vous considérez cependant qu'il ne s'agit toujours pas de monopole.
Lors de la dernière mandature, avec mes collègues, j'ai eu l'occasion de rencontrer les dirigeants d'Air Austral. Nous les avons interrogés sur les raisons de l'importance du coût du trajet Dzaoudzi – Paris par rapport à celui de La Réunion à Paris. L'argument d'une rude concurrence a alors été mis en avant. Autrement dit, nous sommes soumis à une rude concurrence à La Réunion, et nous utilisons en quelque sorte la situation à notre avantage à Mayotte, c'est-à-dire sur les territoires où les populations sont les plus pauvres.
Quelle ambition avez-vous pour avoir très rapidement une piste longue, pour libérer l'espace aérien à Mayotte et pour que les compagnies, y compris étrangères, qui veulent venir servir à moindre coût puissent le faire ? Vous avez bloqué la situation. Seule une compagnie vient, ce qui est mis en relief au nom du service public, mais en réalité, les Mahorais sont soumis aux offres d'une seule compagnie. Pour nous, il n'y a pas concurrence.
Je souhaiterais que vous vous exprimiez auprès de notre rapporteur sur l'existence d'une piste longue et sur l'ouverture des lignes afin qu'il soit au fait de la situation de Mayotte.