Intervention de Paul-André Colombani

Séance en hémicycle du jeudi 8 juin 2023 à 9h00
Abrogation du recul de l'âge de départ à la retraite — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul-André Colombani :

Ensuite, en déclarant irrecevable l'amendement de rétablissement de l'article 1er , ce qui a vidé le texte de sa substance. C'est la première fois dans l'histoire de la Ve République que cela se produit.

Enfin, en balayant nos derniers amendements pour nous empêcher d'en débattre. Créer de tels précédents n'est pas anodin. En écornant ainsi les droits des oppositions, vous abîmez profondément la démocratie.

In fine, la réforme des retraites n'aura jamais été approuvée par le Parlement. Vous direz, et personne ne le niera, que la commission a voté le rejet de l'article 1er de cette proposition de loi. Mais un vote en commission n'est pas définitif ; c'est aujourd'hui, en séance publique, que nous aurions dû nous prononcer une bonne fois pour toutes. En empêchant cela, vous changez les règles de base de notre procédure législative, vous mettez à mal la séparation des pouvoirs, au profit d'un exécutif de plus en plus solitaire.

Pour tenter de combler le déficit budgétaire, vous avez organisé la faillite parlementaire.

Avec toute la solennité qu'appelle ce moment, je veux vous dire, monsieur le ministre, que la configuration de l'Assemblée vous obligeait à coconstruire, à dialoguer. Si les électeurs n'ont pas donné de majorité au Président de la République, ce n'est pas un hasard. Alors qu'il était particulièrement nécessaire de faire preuve de concertation sur cette réforme, vous avez fait tout l'inverse. Nous aurions souhaité une autre méthode. Si vous aviez accepté de faire des compromis, vous auriez pu trouver un vrai chemin démocratique.

Une chose est certaine, nous ne pouvons pas continuer ainsi. Alors, je le dis clairement au Gouvernement : en politique, il n'est jamais trop tard. Il n'est jamais trop tard pour éviter une crise de régime et redonner toute sa place au Parlement et à l'expression du peuple. Il est encore temps de saisir la main que nous vous tendons, celle du dialogue, de l'apaisement et du respect de la démocratie.

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