Je souhaite revenir sur vos propos sur la dette publique. Votre raisonnement repose sur une idée implicite : faire de l'État le débiteur de la finance privée n'est en réalité qu'une des modalités existantes pour lever des fonds. Ce n'est d'ailleurs que de ce point de vue que le ratio entre la dette publique et le PIB a du sens, puisqu'il fait partie des conditions auxquelles les créanciers acceptent de prêter de l'argent à l'État, contraignant ce dernier à mener une politique favorisant leurs intérêts. Nous avons pu observer une telle tentative dans le cas de la réforme des retraites, même si elle a échoué.
Or rien n'implique de recourir systématiquement à cette solution. Il persiste encore d'autres formes résiduelles d'irrigation du Trésor public déconnectées des marchés du capital. Je pense notamment au circuit du Trésor, en vigueur de 1947 à 1967, qui permettait de l'alimenter en continu, les collectivités locales, la Caisse des dépôts, les caisses d'épargne et les entreprises publiques et semi-publiques ayant l'obligation de détenir un plancher de détention de bons du Trésor, en parallèle d'un système d'alimentation de la dette à vue, le Trésor pouvant se servir dans leurs dépôts de manière occasionnelle. Ce système antidette fonctionne, à condition que la régulation des acteurs financiers soit suffisamment stricte.