Monsieur Martin, disons-le tout de suite : contrairement à de nombreuses personnes présentées à tort comme économistes, vous avez le CV. Cependant, votre nomination nous pose plusieurs problèmes. Depuis 2015, vous êtes l'un des économistes qui accompagnent Emmanuel Macron et ses choix politiques, avec M. Cahuc, M. Cette, M. Aghion ou encore M. Pisani-Ferry – quoique peut-être pas pour longtemps pour ce dernier !
Vous avez participé à la rédaction du volet économie de son programme électoral et avez été nommé président délégué du CAE. C'est à ce titre que vous avez rédigé, en 2019, une note qui a contribué à légitimer la baisse puis la suppression des impôts de production – un cadeau de 18 milliards d'euros ! Il s'agissait d'une demande bien établie du Medef et de Bruno Le Maire, que ce dernier appelait déjà de ses vœux en mai 2018. Votre avis n'a d'ailleurs pas vraiment été suivi puisque vous proposiez de supprimer la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) mais également la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) – qui a été épargnée –, de ne pas réformer la cotisation foncière des entreprises (CFE) – elle a été diminuée – et n'évoquiez pas la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB), qui a été allégée. Tant pis pour le sérieux scientifique des choix du Gouvernement !
De même, vous avez défendu corps et âme la réforme des retraites de 2020, plaidant notamment pour la nécessité d'une réforme systémique, et non seulement paramétrique. Or lorsque l'Élysée a fait savoir que la réforme des retraites de 2023 ne serait qu'une réforme paramétrique, vous avez changé de position. Le rôle des scientifiques est d'éclairer le débat public et non pas de servir d'alibi à des choix politiques et idéologiques.