Les dépenses de personnel représentent 85 % des crédits de la mission Sécurités. Or ils sont sous-consommés.
Tout d'abord, il existe des difficultés objectives de recrutement. Même en baissant les exigences de niveau lors des concours, ce qui n'est pas sans susciter des interrogations, et avec de bonnes rémunérations, le compte n'y est pas.
Ensuite, les mauvaises conditions de travail, connues de tous, et la surexposition sociale liées aux consignes gouvernementales en général et aux vôtres en particulier, contribuent à cette désaffection. Elles alimentent le désamour entre la jeunesse et la police.
Des départs en masse ont été constatés en 2022, pires qu'en 2021. La Cour des comptes indique que 10 840 départs en cours de carrière ont eu lieu dans la police nationale, soit une augmentation de 33 % en quatre ans, et 15 000 dans la gendarmerie, soit une augmentation de 25 %. Les personnels ont le sentiment d'être noyés sous les dossiers. L'autoritarisme qui a prévalu lors de la réforme de la police judiciaire est pointé. D'une certaine façon, les policiers craignent de voir le service public qu'ils incarnent tiré vers le bas, comme à l'hôpital.
Comment allez-vous répondre à cela ? Vous en avez dit deux mots, mais nous insistons. Quel management ? Quelle formation ? Quelle rémunération ? Surtout, quel sens donner aux missions des agents qui assurent le service public de la sûreté – malheureusement parfois même au péril de leur vie, comme on a pu encore le constater ce week-end ?
Il ne peut y avoir de service public efficace sans bien-être des agents qui le font fonctionner, et bien sûr sans sens du travail.