Je vous remercie pour cette présentation. J'observe tout d'abord que les chiffres produits par l'OFCE infirment parfois ceux du Gouvernement. Je pense notamment à l'augmentation du PIB inférieure à la moyenne de la zone euro et au taux de chômage de 7,9 % que vous prévoyez pour la fin 2024, ce qui nous éloigne du plein emploi. Dans ce cadre, je souhaiterais que vous nous fassiez part d'un commentaire sur les prévisions de l'OFCE quant à l'impact de la réforme des retraites. Il me semble d'ailleurs qu'elles ont été évoquées devant le Haut conseil du financement de la protection sociale, à travers la prévision d'une hausse de 0,9 % du taux de chômage et d'une diminution de 3 % des salaires.
Ensuite, vous avez indiqué que l'inflation devrait diminuer car les salaires ne suivent pas le même rythme. Pourtant, il semble bien que l'inflation est plus due à la composante des profits que celle des salaires. Ceci se constate par la reconstitution de marges par les entreprises dans certains secteurs, notamment dans l'agroalimentaire. À partir du moment où cette inflation n'est pas tirée par les salaires, d'où provient ce relatif optimisme ?
Par ailleurs, vous avez évoqué un découplage entre les entreprises et les ménages. Ce découplage est-il à terme soutenable ? De plus, vous relevez que nous subissons un réel problème de demande et de consommation, qui traduit des pertes de pouvoir d'achat et peut entraîner un impact important sur l'activité économique. Or le Gouvernement a annoncé des baisses de dépenses publiques dans les années à venir. Après la crise des subprimes de 2010, la France avait précisément évité la récession grâce aux dépenses publiques. Par conséquent, n'êtes-vous pas inquiet de l'effet récessif que pourrait induire une baisse des dépenses publiques ?
Enfin, dans votre note de conjoncture économique, vous avez indiqué que le relèvement des taux d'intérêt directeurs par la BCE engagé en juillet 2022, en réaction à l'emballement de l'inflation, pèsera négativement sur la croissance à hauteur de 0,1 % de PIB en 2021, puis de 0,4 % en 2023 et de 0,5 % en 2024. Nous constatons donc que la politique monétaire restrictive actuellement conduite entraîne des effets négatifs significatifs sur la croissance.
Dès lors, je m'interroge sur la persistance d'une approche monétariste aussi restrictive. Il est donc possible de se demander si elle ne fait pas plus de mal que de bien à l'économie réelle et à la richesse nationale. Quelle pourrait être une approche moins orthodoxe ? Dans le prolongement de cette question, la note de l'OFCE que j'ai mentionnée relève que la hausse des taux ampute le PIB d'un point sur trois ans. La note ajoute que « nous n'inscrivons pas d'effets amplificateurs de ce choc, qui pourraient passer par une crise bancaire ou un credit crunch. » Pensez-vous néanmoins qu'une telle crise bancaire est une possibilité ? Comment pourrions-nous y faire face ?