Intervention de Danielle Simonnet

Réunion du jeudi 25 mai 2023 à 14h35
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Simonnet, rapporteure :

Je souhaite d'abord revenir sur votre recrutement par Uber. On sait qu'Uber, afin de pouvoir imposer son état de fait à l'État de droit, a revendiqué d'essayer de débaucher des décideurs publics ou des acteurs proches des décideurs publics. Ils ont ainsi recruté Neelie Kroes, ancienne commissaire européenne chargée de la concurrence, qui par ailleurs avait plaidé pour un dialogue social des plateformes. Ils ont également recruté David Plouffe l'ancien conseiller du Président Obama, dont vous avez parlé. Il est donc difficile d'envisager votre recrutement sous un autre angle.

Je souhaite vous lire un des documents transmis par le lanceur d'alerte Marc MacGann. Il s'agit d'un mail de Thomas Meister en février 2015 : « J'ai déjeuné avec Grégoire Kopp, conseiller à la communication d'Alain Vidalies au secrétariat d'État aux Transports. Grégoire a fait partie de mon équipe chez TBWA et il est fondateur du réseau alsacien de Paris : deux raisons de l'estimer. En un mot, toute la sphère institutionnelle est perplexe au sujet d'Uber en particulier et de l'industrie du VTC en général. Autant au Transport qu'à l'Intérieur, personne n'est armé pour comprendre les enjeux et défis posés par la mobilité à un point que nous n'imaginons même pas. Le sujet est de plus considéré comme politiquement miné, avec que des coups à prendre. L'illusion taxi = prescripteur d'opinion reste bien ancrée. Tout le monde sait bien par ailleurs que la loi Thévenoud est une mauvaise loi, inapplicable en l'état et dépassée de toute part par la pratique. D'où l'embarras et la patate chaude. L'Intérieur ne veut pas se saisir du sujet, les transports ne savent pas par où le prendre, ça ne va nulle part. Grégoire va insister auprès du ministre pour qu'il se saisisse du sujet d'abord, qu'il nous reçoive de manière informelle ensuite. Dans ce cas-là, la priorité sera de répondre à toutes les questions du droit du travail posées par Uber puisque c'est la spécialité du ministre. Le tout plaide pour qu'après le jugement du 23, nous sortions du bois avec un push un tant soit peu agressif, ne serait-ce que pour prendre acte et manifester notre existence. »

Quelle est votre réaction face à ce mail ? Pensez-vous a posteriori que vous avez été recruté parce que vous étiez membre du cabinet d'Alain Vidalies ? Pensaient-ils renforcer leur lobbying au sein de l'appareil d'État ?

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