Je pense que l'image d'Uber s'est dégradée et que l'ubérisation est désormais connotée négativement.
Concernant la « loi Thévenoud », des dispositions ne sont pas appliquées par manque de données et de mise en œuvre concrète de l'article 2. Or il n'est pas possible de réguler un secteur comme celui des mobilités sans données. A l'inverse, à New-York, la TCL (Taxi&Limousine Commission) régule le secteur grâce aux données.
Au sujet des parlementaires, ils ont mené un combat qu'ils ont perdu. Je remercie d'ailleurs le sénateur, M. Rapin, avec qui j'ai beaucoup travaillé et nous avons œuvré ensemble pour que cette loi puisse être votée. Il y a forcément eu d'énormes moyens de lobbying qui ont été déployés à ce moment-là. Uber avait acheté des pages entières dans la presse pour expliquer que la loi allait supprimer des milliers d'emplois. Face à cette campagne massive, j'ai été moi-même distribué dans les gares et les aéroports le contenu de la loi que je portais et j'ai pu constater qu'avec une ramette de papier, j'ai eu plus de succès qu'Uber malgré ses importantes dépenses de lobbying.
À propos du dialogue social qui a été mis en place, il me semble positif que les chauffeurs VTC puissent disposer de représentants.
De même, il me semble que les règles mises en place permettent une concurrence plus loyale qu'auparavant. Je pense néanmoins qu'il faudra s'interroger à l'avenir sur une réforme structurelle.
Par ailleurs, je ne pense pas que le Gouvernement ait les moyens de mettre en place des mesures qui seraient pro-Uber. L'opinion publique a évolué et les positions sont bien différentes. La question du service public et des transports dans les territoires sont des sujets sensibles.
Quant à la présomption de salariat, elle est intéressante mais j'ai toujours été franc sur ce sujet. Je pense qu'elle existe dans les travaux forestiers mais qu'elle n'empêche pas le travail dissimulé dans ce secteur. Il n'existe donc pas de baguette magique dans ce domaine mais je crois dans nos institutions. Ainsi, la chambre sociale de la Cour de cassation a toujours protégé les travailleurs, notamment sur la question du délit de marchandage.