Intervention de Laurent Grandguillaume

Réunion du mercredi 17 mai 2023 à 15h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Laurent Grandguillaume, ancien député et médiateur du conflit entre les taxis et les VTC en 2016 :

Lorsque j'ai été nommé rapporteur, ma neutralité a été mise en cause par M. MacGann. Il y avait une stratégie très bien pensée d'Uber à tous les niveaux.

À l'époque, Emmanuel Macron ne s'est pas caché d'être favorable à Uber et à l'ubérisation. Il s'était d'ailleurs exprimé au début de ma médiation pour expliquer qu'il n'appartenait pas aux politiques de choisir l'innovation. Je l'ai donc appelé pour lui signaler que je ne pourrais effectuer une médiation dans ces conditions. Il m'a entendu et m'a assuré qu'il ne s'exprimerait pas sur le sujet.

Cependant, en pratique, un conseiller de son cabinet qui était présent lors des réunions interministérielles, M. Lacresse, a eu tendance à se comporter comme le directeur des relations publiques d'Uber. Je lui ai donc demandé de partir sauf à ce que je démissionne et il a été remplacé par un autre conseiller avec lequel il n'y a eu aucun problème, M. Chantrel.

C'est très important car cela montre que dans l'entourage d'Emmanuel Macron, des personnes étaient parfois plus radicales que lui. Ils pouvaient prendre des positions assez véhémentes en réunion.

Néanmoins, c'est un homme de dialogue et je n'ai subi aucune pression particulière de sa part. Il a juste fallu être clair dès le départ.

Quoi qu'il en soit, vous devez savoir que cela faisait partie de la médiation. Je passais autant de temps à faire de la médiation avec les acteurs qu'avec les membres du Gouvernement.

Les plateformes ont-elles vraiment obtenu gain de cause au vu de l'arrêté ? Je ne sais pas.

Est-ce qu'il y a eu un « deal » ? Je n'en ai aucune preuve.

Par contre, il est certain que les plateformes préféraient l'arrêté à la loi qui prévoyait l'examen dans les chambres de métiers et qui revenait selon elles à instaurer un contingentement.

Je préciserai par ailleurs que cette hégémonie culturelle n'était pas l'exclusivité d'Emmanuel Macron. Elle était aussi partagée par les onze sénateurs qui ont signé une tribune et se sont engagés avant l'arrivée de la proposition de loi que je défendais au Sénat à en changer le texte. Elle l'était aussi par ceux de mon groupe parlementaire qui ont porté des amendements contre la proposition de loi que je défendais ou qui se sont opposés à son inscription à l'ordre du jour du Parlement.

Ce n'est pas Emmanuel Macron seul qui aurait guidé je ne sais quel accord. De nombreuses personnes étaient favorables à l'ubérisation et portaient des idées en ce sens.

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