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Intervention de Amélie Oudéa-Castéra

Réunion du mercredi 27 juillet 2022 à 15h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Amélie Oudéa-Castéra, ministre :

Il reste du travail dans les semaines à venir sur le concept artistique de la cérémonie d'ouverture des Jeux. La réflexion a été engagée avec des universitaires, des scientifiques et des personnalités du monde de la culture pour exprimer quelque chose de différenciant et d'identitaire. Les Français doivent être fiers de cette cérémonie.

L'événement va nécessiter une attention toute particulière sur le plan de la sécurité. L'ensemble des parties prenantes est mobilisé : en plus des forces de sécurité intérieure, nous bénéficierons du concours des forces armées, des agents de sécurité privée et des agents de la police municipale de Paris. Il est fondamental d'établir clairement le rôle et les responsabilités de chacun et d'organiser des flux importants – sur les quais hauts, par exemple, la jauge sera de 400 000 à 500 000 personnes et les places pourraient être gratuites. Nous allons travailler sur tous les éléments de l'équation, y compris sur la dimension fluviale, pour assurer la sécurité de l'événement.

Le Pass'Sport est un dispositif tout à fait novateur. Il consiste à verser 50 euros à chaque enfant. Pour l'instant, le taux de recours n'est que de 20 %. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons simplifié l'accès à travers une plateforme spécifique. Nous avons aussi amélioré la communication pour la prochaine saison. L'objectif est de faire en sorte que les familles bénéficiaires de l'allocation de rentrée scolaire et les personnes de moins de 30 ans touchant l'allocation aux adultes handicapés (AAH) aient plus facilement accès à la prestation. Surtout, nous étendons le dispositif aux 800 000 étudiants boursiers. En outre, dans les académies de Lille et de Créteil, le Pass'Sport pourra être utilisé dans des salles de sport privées, dans une logique de décloisonnement de l'offre sportive. Cela permettra de lever les obstacles limitant le recours au dispositif.

En ce qui concerne le sport-santé, monsieur Belhaddad, nous avons annoncé que l'activité physique et sportive serait déclarée grande cause de l'année 2024. Nous voulons également inscrire l'activité physique et sportive au cœur des bilans de santé gratuits à 25, 45 et 60 ans annoncés par le Président de la République. Dans le prolongement de la loi du 2 mars 2022, les professionnels de santé pourront ainsi profiter de cette occasion pour inciter davantage les Français et les Françaises à pratiquer un sport, ce qui aidera à prévenir notamment les diabètes de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Parallèlement, nous allons consolider les maisons sport-santé – il y en a d'ores et déjà près de 500 sur le territoire. Nous souhaitons également engager les agences régionales de santé à mobiliser plus largement les fonds d'intervention régionaux en faveur des dispositifs innovants dans le champ du sport-santé, voire à inscrire ces derniers dans le cadre des contrats locaux de santé.

La Coupe du monde au Qatar est un sujet sensible. Nous n'allons pas revenir sur le choix d'attribuer l'organisation de la compétition à ce pays. Toutes les parties prenantes sont mobilisées, notamment la Fédération internationale de football association (FIFA) et l'Union européenne des associations de football (UEFA). Elles apportent leur concours au groupe de travail sur les droits humains. De même, un certain nombre d'ONG s'investissent – je pense bien sûr à Amnesty International. L'objectif est de s'appuyer sur le contexte pour enregistrer des progrès, ce qui est le cas dans le champ du droit du travail, que vous avez mentionné à juste titre, madame Parmentier. L'abolition du système de la kafala, par exemple, permet de normaliser le cadre des relations de travail. Il en va de même de l'introduction d'un salaire minimum non discriminatoire, qui est d'ailleurs le premier du genre dans la région. La réglementation des heures de travail a également évolué. Le permis de sortie a été supprimé et les peines en cas de confiscation du passeport ou d'infractions au droit du travail ont été renforcées. Qu'il s'agisse du dialogue concernant les droits de l'homme ou du respect des droits des travailleurs – en particulier ceux des migrants qui sont employés sur les chantiers –, nous devons avoir une vigilance de chaque instant et veiller à ce que les progrès s'inscrivent dans la durée. Les améliorations doivent se poursuivre à un rythme satisfaisant.

Nous sommes bien conscients de la nécessité de ne pas décevoir lors des Jeux olympiques et paralympiques. J'ai été confrontée aux événements du Stade de France huit jours après ma nomination. Nous sommes déterminés à en tirer toutes les leçons qui s'imposent pour éviter qu'ils ne se reproduisent. Notre pays ne doit pas perdre sa confiance dans sa capacité à organiser des événements sportifs internationaux de tout premier plan, et sa fierté de le faire.

À cet égard, nous portons une attention particulière aux transports, ce qui inclut l'ensemble du réseau de bus et la ligne 14, y compris avec ses extensions vers Saint-Denis au nord et Orly au sud. La question de l'accessibilité des transports est importante ; nous entendons progresser par la même occasion dans ce domaine. Un accompagnement financier de l'État permettra de rendre accessibles à tous 1 000 taxis ou véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC). D'ores et déjà, 300 ont été sécurisés ; nous devons accélérer pour couvrir les 700 autres. Lors du conseil olympique et paralympique, nous avons également pris l'engagement d'améliorer le trajet séparant les gares des sites de compétition en ajoutant quelques tranches d'investissements. Nous le devons aux personnes en situation de handicap.

En ce qui concerne le budget, le COJOP est financé à 98 % par des fonds privés. Aucun dépassement, hors inflation, n'est prévu du côté de la SOLIDEO. Cela dit, nous sommes très vigilants. Le budget du COJOP a été bâti sur une hypothèse d'inflation de 1,4 % ; or cette dernière atteint 5,8 %. Ce décalage va nous imposer de faire des choix et de redéfinir les priorités s'agissant de marchés importants tels que l'hébergement, la restauration, la logistique et le transport. Nous poursuivrons le dialogue avec les équipes du Comité international olympique (CIO) pour revoir à la baisse certains des cahiers des charges. Toutefois, l'enjeu est aussi de trouver un équilibre entre les dépenses et les recettes. À cet égard, nous devons continuer à progresser dans la conquête de partenariats. Il faut convaincre les entreprises françaises de s'engager à nos côtés. Les entreprises japonaises, quant à elles, avaient investi plus de 3 milliards d'euros, ce qui a constitué un engagement tout à fait exemplaire. S'agissant des partenariats, nous en sommes à peu près à 70 % de notre feuille de route. Nous devons accélérer et continuer à convaincre.

Plus de 3 300 entités ont été labellisées Terre de Jeux 2024. Outre les communes et les EPCI, on compte parmi les détenteurs du label des fédérations sportives, des comités régionaux olympiques et sportifs (CROS), des comités départementaux olympiques et sportifs (CDOS) et même des ambassades. L'objectif est de faire vivre ces Terres de Jeux. C'est la raison pour laquelle nous sommes très attentifs à ce que la visibilité de l'événement augmente, notamment à travers des dispositifs comme le Club Paris 2024 et les animations « tous supporters ». Nous avons d'ailleurs abordé la question lundi lors du COP. Il s'agit de créer des zones d'animation, y compris en ouvrant pendant les compétitions des fan zones où les épreuves sont retransmises – nous avons négocié sur ce point avec Discovery, ce qui permettra de rendre les Jeux accessibles au plus grand nombre de Français possible. Cet enjeu est au cœur du projet que nous défendons avec Paris 2024, avec l'ensemble du mouvement sportif et avec les collectivités.

En matière de transition écologique, il faut commencer par appliquer la charte des 15 engagements écoresponsables, qui a le mérite d'exister et qui prévoit notamment le déploiement des énergies renouvelables, la lutte contre le gaspillage alimentaire et le recyclage des déchets. L'écoresponsabilité doit être au cœur de tous les événements du sport français.

Il importe ensuite de lancer un plan national d'adaptation de la pratique sportive – j'y travaille avec mon collègue Christophe Béchu –, pour faire face au réchauffement climatique et à la multiplication des épisodes de canicule. Il faudra l'élaborer avec des scientifiques et des universitaires, en collaboration avec les préfets, qui connaissent le terrain.

Nous devons, enfin, favoriser la sobriété énergétique, dans la foulée des annonces du Président de la République et de la Première ministre. Il ne s'agit pas de remettre en cause le modèle économique du sport, ni de perturber la tenue des compétitions, mais de définir, dans la concertation, une stratégie bas carbone à long terme. Face au défi de la sobriété énergétique, le monde du sport doit apporter sa contribution.

La question de la pratique féminine me tient particulièrement à cœur : 25 % des Français de plus de 15 ans ne font pas ou peu de sport et deux tiers d'entre eux sont des femmes. Il faut agir à tous les niveaux : dans les clubs, en proposant une offre de loisir susceptible d'amener les petites filles à la pratique sportive, mais aussi à l'école, où l'on constate un décrochage à l'adolescence. L'UNSS appelle d'ailleurs à sortir de la logique compétitive qui a longtemps prévalu pour favoriser une approche plus ludique.

Le sport féminin peut aussi offrir des modèles inspirants aux petites filles : je me réjouis de la victoire des Françaises en basket à trois aux championnats du monde ou de celle de nos volleyeuses à la ligue européenne de volley-ball. Je songe aussi au Tour de France féminin, qui a démarré au pied de la tour Eiffel et qui rejoindra la Planche des Belles Filles dimanche prochain. Jeudi, la Première ministre se rendra sur le Tour pour rendre hommage aux coureuses féminines, qui font rayonner le sport professionnel.

Le sport féminin est en train de gagner en maturité mais nous devons l'accompagner, par une alliance de toutes les parties prenantes : les médias, qui doivent nous aider à mieux le faire connaître, mais aussi les entreprises qui souhaitent s'engager dans ce sens.

J'en viens à la question de la gouvernance. Nous souhaitons ancrer l'Agence nationale du sport dans l'ensemble du territoire. Si nos conférences régionales des financeurs sont bien installées en métropole, elles ne le sont pas encore partout outre-mer. L'essentiel, c'est de donner corps aux projets portés par ces conférences. Le 18 juillet, nous avons organisé une réunion avec les représentants des collectivités territoriales – régions, départements, EPCI, communes – qui nous a permis de dégager un certain nombre de priorités, telles que la pratique féminine, la pratique en situation de handicap, ou encore la place du numérique et des data. L'idée est de choisir l'une de ces thématiques et d'en faire un axe structurant de nos projets, afin de mutualiser les financements à l'échelle territoriale. Il est capital de travailler avec les collectivités.

Vous m'avez également interrogée au sujet des retombées des Jeux olympiques en Seine-Saint-Denis, en matière d'insertion et d'investissement. La maquette de la SOLIDEO prévoit que 80 % des financements bénéficient à ce département. Lorsque la carte des sites a été révisée dernièrement et qu'il a été décidé que les épreuves de tir auraient finalement lieu à Châteauroux, et non à La Courneuve, nous avons prévu des compensations : le paramarathon partira de La Courneuve pour arriver aux Invalides ; le « mass event » de cyclisme partira de Clichy-sous-Bois ; à Villepinte se dérouleront par ailleurs le pentathlon moderne et les épreuves préliminaires de boxe. C'est, globalement, une très belle surcompensation pour le territoire de Seine-Saint-Denis.

En matière d'emploi, sur l'ensemble des chantiers olympiques et paralympiques, une clause prévoit que 10 % des heures, au minimum, bénéficient à des publics en situation d'insertion professionnelle. L'objectif est d'atteindre 2,4 millions d'heures et 1 million d'heures ont déjà bénéficié à plus de 1 500 personnes en situation d'insertion en Seine-Saint-Denis.

Nous veillerons à ce que les voies réservées pour acheminer les 200 000 personnes accréditées et les 600 000 visiteurs que nous attendons sur les sites des compétitions fassent l'objet d'une signalisation et d'un nettoyage.

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