Vous avez raison, général, la puissance et la bonne santé de notre armée relèvent d'un choix de société qu'il nous faut assumer. Les menaces à l'Est et la persistance des déséquilibres au Sahel nous inquiètent tandis qu'est apparu un nouvel ennemi qui n'a ni drapeau ni nationalité et frappe indistinctement : l'inflation. La remontée en puissance de l'armée de Terre ne peut pas s'affranchir des contraintes économiques. Vous l'avez souligné dans un récent entretien à La Tribune, l'inflation est un « sujet de préoccupation » qui risque d'entraver notre remontée capacitaire, à laquelle nous souhaitons associer nos partenaires européens.
Ces derniers, malgré leurs discours louant la solidarité européenne, font bien souvent l'impasse sur les éventuels partenariats qu'ils pourraient établir avec notre industrie de défense. Avez-vous noté, chez vos homologues européens, une prise de conscience de la nécessité de relancer les programmes d'armement et une volonté de faire appel à notre pays, qui dispose d'une expertise en matière de combat terrestre à nulle autre pareille en Europe, plutôt que de se tourner, une fois encore, vers notre allié outre-Atlantique ?
Dans son discours du 13 juillet, le Président de la République a souligné l'urgence d'accroître le volume de nos forces afin de faire face à l'extension des champs de la conflictualité et à la perspective d'affrontements plus durs. Ce renforcement passe par la restructuration de notre réserve alors même que la fidélisation de nos soldats apparaît comme un enjeu de taille. Ne craignez-vous pas que le retour de la haute intensité ne constitue un obstacle supplémentaire au recrutement des soldats, la guerre n'étant plus une hypothèse d'école ?