Vous souhaitez porter ces cinq ans à dix, ce qui, encore une fois, n'est pas rien. La proposition mérite que l'on s'y arrête : en matière d'attractivité et de fidélisation, nous avons répété au cours de la semaine dernière que le schéma consiste en carrières en flux, c'est-à-dire impliquant une seconde vie et une seconde carrière par la suite. L'obligation s'étend déjà sur cinq ans, et je me suis engagé à la faire revivre en m'appuyant sur le recensement militaire, l'actualisation des fichiers, etc. ; pendant les cinq années suivant son départ, un militaire de carrière retraité doit théoriquement donner des nouvelles à l'administration, faire savoir où il réside, rester joignable. Je vous avouerai honnêtement, monsieur Hetzel, que ce n'était plus tout à fait le cas : il y a déjà là un travail de remise à niveau.
Par conséquent, je doute que votre mesure soit populaire et efficace. Vous aurez affaire à d'anciens militaires ayant quitté le service de la France depuis cinq à dix ans, fait d'autres choix, rebâti une vie civile : leur employabilité ne sera pas acquise. S'ils souhaitaient demeurer ou redevenir réservistes, ils auront intégré la RO1 – sur la base du volontariat, tandis que votre amendement prévoit une obligation. J'ai sondé bon nombre de militaires d'active : ils estiment que si les dispositions en vigueur étaient appliquées de manière concrète, suffisamment durcie, ce ne serait déjà pas si mal.
Je crains donc que vos dix ans nous mettent à la patte – pardonnez-moi cette expression populaire – un fil supplémentaire, nuisent à l'attractivité, à la fidélisation, en faisant peser une contrainte plus longue sur ceux de nos concitoyens qui décident d'entrer dans l'armée, et que l'enfer soit décidément pavé de bonnes intentions. C'est pourquoi je demande le retrait de l'amendement ; à défaut, avis défavorable. De toute manière, je suis à peu près certain – je peux me tromper – que les réactions suscitées par son adoption détermineraient vos collègues du Sénat à revenir au texte actuel dans le cadre de la navette parlementaire.