Monsieur le secrétaire général, nous tenions à vous auditionner sans tarder devant cette commission renouvelée à près de 80 %, puisque vous êtes une des personnes les plus importantes au sein de l'architecture de l'organisation de défense et de sécurité globale de notre République. Vous êtes de ceux qui en ont la vision la plus complète, puisque vous êtes le chef d'une administration dépendant organiquement du Premier ministre et dont les travaux sont à l'articulation des responsabilités relevant du Président de la République et du Premier ministre. Vous êtes notamment le secrétaire des conseils de défense et de sécurité nationale. Vous préparez des dossiers qui sont remis aux participants. Vous êtes responsable de l'établissement du projet de relevé de décisions.
Au-delà de cette mission à proximité immédiate du Président de la République, chef des armées, vous avez la responsabilité de la coordination interministérielle dans le champ de la défense et de la sécurité nationale, au nom du Premier ministre. Vous avez notamment la charge de la conception, de l'animation et de la planification de la sécurité nationale, de la réglementation sur le secret de la défense nationale, de l'anticipation et du suivi des crises internationales, de la protection du patrimoine scientifique et technique. Il nous intéresse de voir comment se fait l'animation du travail de défense à l'échelle interministérielle.
Nous savons qu'il y a dans les principaux ministères des hauts fonctionnaires à la défense et à la sécurité, mais comment les sujets de défense nationale sont-ils pris en compte à l'échelle de chaque ministère ? Puisqu'on parle beaucoup du retour de la haute intensité, dans ce contexte, les armées ne livreraient pas la guerre seule. Quelle est l'implication du ministère de la santé dans la prise en charge des blessés ? Comment notre approvisionnement alimentaire est-il garanti ? Comment le ministère de l'intérieur ferait-il face à des troubles sur le territoire national ? Le concept de défense globale, qui date des années 1950, reste-t-il pertinent pour être à la hauteur de nos enjeux de défense nationale ?
Par ailleurs, vous êtes responsable de la politique de cybersécurité des systèmes d'information classifiés interministériels et de la lutte contre les ingérences numériques étrangères. Pour ces missions, vous disposez de l'agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI), qui représente quelque 600 personnes, soit quasiment la moitié de vos effectifs, de l'opérateur des systèmes d'information interministériels classifiés (OSIIC) et de Viginum, service de création plus récente destiné à détecter d'éventuelles ingérences numériques étrangères, notamment dans le champ informationnel.
Ces derniers mois, vous avez beaucoup travaillé sur une stratégie nationale de résilience visant à tirer les enseignements de la crise sanitaire et à renforcer notre capacité collective à réagir après un choc, de quelque nature qu'il soit : attaque cyber, choc sanitaire, choc énergétique, choc climatique…
Notre défense est efficace si elle est globale. C'est pourquoi, au-delà de l'effort militaire, nous sommes sensibles au fait que l'ensemble du Gouvernement et même l'ensemble des acteurs de la nation soient impliqués dans la défense nationale.