Une obligation de défense mutuelle lie déjà les pays de l'Union européenne puisqu'il est prévu que dans le cas où l'un de ces pays serait l'objet d'une agression armée sur son territoire, les autres lui devraient aide et assistance. La Suède et la Finlande sont, en outre, de solides partenaires de l'OTAN. Je ne vois donc pas ce qu'apporterait l'adhésion de ces deux pays à l'OTAN, d'autant que nous devons nous poser la question de l'efficacité de l'action de cette organisation contre la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Les dépenses militaires totales des pays de l'OTAN représentent plus de la moitié des dépenses mondiales mais cette alliance militaire est mise au supplice par le jeu de la fermeture et de l'ouverture des livraisons de gaz et n'est pas la solution la plus efficace. Pire : nous affaiblissons notre dispositif de lutte contre Daech au Proche-Orient, où les cellules djihadistes sévissent encore, en laissant la Turquie négocier le lynchage des Kurdes contre la levée de son veto.
La superposition de la carte de l'Union et de celle de l'OTAN signerait la mort de l'autonomie stratégique et de toute ambition européenne dans le domaine de la défense. Je ne suis pas d'accord avec les propos qui ont été tenus. Si un mariage de nature a été voulu, ces dernières décennies, entre l'Union européenne et l'OTAN, il n'a pas toujours été pensé ainsi. Je vous renvoie aux doctrines stratégiques américaines puisque, dès les années 1990, le Policy planning staff prévoyait d'empêcher l'émergence d'accords de sécurité européens qui concurrenceraient l'OTAN. La guerre en Ukraine ne doit pas nous empêcher de rechercher, sur le long terme, l'indépendance stratégique européenne.
Libre à la Suède et la Finlande de demander l'accession à l'OTAN, libre à nous de voter contre ce texte, au nom de notre souveraineté.