Une question, à titre liminaire : l'adhésion suédoise et finlandaise ne signifie-t-elle pas qu'Helsinki et Stockholm, se défiant de l'article 42.7 du Traité sur l'Union européenne, jugent que seul l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord peut les protéger ? L'Union européenne ne constituerait-elle donc aucune garantie en termes de sécurité pour ses États membres ?
Nous tenons à maintenir et à approfondir nos relations d'amitié avec les nations finlandaise et suédoise et nous ne souhaitons évidemment pas nous opposer aux décisions souveraines de ces États. Nous sommes particulièrement attachés aux engagements militaires finlandais et suédois au Sahel mais également au maintien de la coopération, y compris dans la Baltique, avec la Russie – il convient de noter, d'ailleurs, que la Finlande a toujours veillé à maintenir d'excellentes relations avec son voisin russe.
Si elle aboutit, l'adhésion ne doit pas déboucher sur l'édification d'un nouveau rideau de fer à la frontière fino-russe. Cela ne serait pas dans l'intérêt de la Finlande, et encore moins de l'Union européenne. Nous devons absolument éviter une confrontation entre l'Union et la Russie, notamment avec les États frontaliers de cette dernière.
La « volonté d'encerclement » par les États-Unis, via l'OTAN, que la Russie croit déceler en Géorgie et en Ukraine concerne évidemment la Finlande. Il faut, en faisant bien sûr la part de la propagande, mettre cela en perspective et éviter d'humilier la Russie. On a pu entendre que l'objectif de certains dirigeants était de la « briser ». Isoler définitivement ce pays le jetterait dans les bras de la Chine, ce qui n'est en rien notre intérêt stratégique. Est-il indispensable de transformer la Baltique, perçue comme un « lac allié », en lieu de confrontation avec la Russie ? On ne construit pas la paix par l'humiliation.
Le groupe RN, attaché à l'article 5 du traité de Washington, souhaite que la France se maintienne dans l'OTAN mais considère que la souveraineté et l'indépendance militaire et diplomatique nécessitent d'en quitter le commandement intégré. Un débat interne à l'Alliance doit être lancé avant tout élargissement, notamment sur le rôle de l'OTAN depuis la dissolution du Pacte de Varsovie, sur la place de la Turquie, sur la définition claire des menaces contre lesquelles l'OTAN protège ses membres, sur la garantie qu'elle n'œuvre en aucun cas à l'encerclement de la Russie au profit des seuls intérêts militaro-industriels des États-Unis. Nous nous abstiendrons car nous considérons que l'élargissement n'a pas vocation à donner des solutions pour la paix.