La guerre en Ukraine, les dérèglements monétaires et la montée de forces politiques contestataires, opposées au projet européen tel qu'il a été mené ces dernières années, donnent au débat européen un caractère dramatique. Il y a une tension très forte entre, d'une part, les partisans d'une Union européenne fondée sur la démocratie, l'État de droit, la sécurité collective, l'économie de marché et l'ouverture des frontières et, d'autre part, des forces diverses qui contestent les structures économiques et sociales dominantes en Europe occidentale ou le modèle de la démocratie représentative et qui sont très mal à l'aise avec l'idée d'une solidarité occidentale passant par l'OTAN. Cette tension est très présente en France, comme dans l'ensemble de l'Europe, et constitue un enjeu majeur.
L'Europe n'est pas un long fleuve tranquille. Il faut l'avoir à l'esprit, quelle que soit la façon dont on souhaite se situer dans le débat. Cela n'est d'ailleurs pas mauvais : la vie politique serait bien ennuyeuse s'il n'y avait pas un peu d'intensité dramatique. Je ne sais pas, néanmoins, s'il faut se réjouir de ce que, à la suite de Raymond Aron, on pourrait appeler un « optimisme catastrophique ».
Après cette note d'ambiance, je vous remercie, Madame la secrétaire d'État, de vous être prêtée à cette audition. Le fleuve tumultueux qu'est l'Europe réclamera certainement que vous reveniez bientôt parmi nous.