Je vois dans cet amendement une forme d'amendement d'appel. Je serais un mauvais ministre si je laissais passer un amendement qui propose d'examiner les conséquences d'une mission opérationnelle sur la fidélisation des militaires : c'est comme si j'examinais les effets de la dissuasion nucléaire sur leur fidélisation !
Dans l'hémicycle, nous avons le droit de nous poser la question de l'impact d'une opération sur la fidélisation des militaires – vous avez tous les droits qu'un parlementaire peut avoir –, mais nous ne pouvons pas commencer à sous-entendre, dans la partie normative de la LPM, qu'il existe un lien entre une mission donnée et la fidélisation de ceux qui l'exécutent. Si la sécurisation du pays l'exige, le statut militaire doit y pourvoir. Il semblerait que j'aime plus l'ordre que vous ! Quand on est militaire, on ne choisit pas sa mission. Sinon, le sens même du statut militaire ne signifie plus rien et nous pouvons lever la séance et cesser les débats. De plus, l'impact dépend sûrement des personnes : dans une autre vie, lorsque les militaires que j'interrogeais avaient une plus grande liberté de parole, j'avais le sentiment que cette opération avait du sens. C'est peut-être moins vrai pour les officiers et les cadres intermédiaires. En tout état de cause, en raison de cette référence à la fidélisation, mon avis est défavorable.
Je pose toutefois une question ouverte à l'ensemble des sensibilités politiques ici représentées : le document annuel communiqué au Parlement, relatif aux Opex et aux missions intérieures, vous paraît-il satisfaisant ? Est-il suffisant pour votre éclairage sur l'impact des missions menées ? Je suis prêt à recueillir vos remarques, sans modifier le texte de loi, et à changer éventuellement le format du rapport pour le rendre plus riche et plus intelligible – pourquoi pas en prévoyant une audition spécifique. Vous auditionnez souvent le chef d'état-major des armées (Cema) et ceux des différentes armes : profitez-en pour leur poser les bonnes questions, afin d'obtenir les bonnes réponses.