En novembre 2020, la ministre allemande de la défense a déclaré que nous devions en finir avec les illusions de l'autonomie stratégique européenne et reconnaître que nous resterions dépendants des États-Unis, résumant ainsi les impasses auxquelles fait face tout projet de défense européenne en raison des divergences de vues stratégiques, héritées d'histoires et de géographies différentes.
La notion de défense ne peut s'appliquer qu'à un territoire doté d'institutions ayant une cohérence géopolitique. Or l'Union européenne ne répond malheureusement pas à cette condition, à la différence des États-Unis, de la Chine et de la Russie, pourtant beaucoup plus faible économiquement. L'Union européenne n'est pas dotée d'une Boussole stratégique, mais d'un simple catalogue de menaces plus ou moins avérées. Quand elles se précisent, son seul réflexe est d'en appeler à l'OTAN alors que les alliances militaires permanentes sont souvent dépassées, à notre époque, au profit d'alliances plus fluides, ad hoc et donc plus adaptées.
L'OTAN permet d'écouler les stocks de l'industrie de défense américaine mais, pour le reste, à quoi sert-il d'appartenir à une telle organisation ? Alors que ses dépenses militaires représentent entre quinze et vingt fois le budget militaire russe, nous demeurons suspendus aux décisions de Poutine quant aux livraisons de gaz. L'OTAN ne parvient pas à sécuriser l'Europe, pas plus que l'Europe de la défense.
Dans ce contexte, est-il sérieux de mettre en avant la création d'une capacité de déploiement rapide de 5 000 hommes d'ici à 2025, pour citer le principal objectif avancé par Emmanuel Macron afin d'accréditer l'idée qu'il aurait renforcé l'autonomie stratégique européenne ? Au lieu de courir après des chimères, le réalisme ne commanderait-il pas de prôner la construction de partenariats bilatéraux solides, fondés sur des intérêts clairs et explicites, avec certains pays européens ?