Le 24 juin, plusieurs centaines de réfugiés venant d'Afrique et fuyant la misère ont tenté de passer la frontière entre le Maroc et l'Espagne, à Melilla. Selon l'Association marocaine des droits humains, qui a dévoilé des images insoutenables, au moins 27 d'entre eux, auxquels il faut ajouter 64 portés disparus, sont morts sous les coups de matraque des forces de l'ordre du royaume du Maroc. Un des militants de l'association explique : « Il y a des migrants qui sont restés au sol, blessés, en train de saigner, pendant des heures au soleil, sans que les autorités marocaines ou espagnoles ne leur procurent les secours nécessaires sur le terrain. Ils sont restés là, à mourir doucement. »
L'Union africaine et l'ONU ont appelé à ouvrir une enquête face à ce qui résulte d'une politique européenne mortifère en matière de gestion des migrations. Le Premier ministre espagnol a beau pointer du doigt les « mafias qui se livrent au trafic d'êtres humains », la réalité est que rien ne peut arrêter ceux qui fuient la misère, désormais accentuée par les crises écologiques et céréalières liées à la situation en Ukraine. À chaque fois que les barrières se renforcent à un niveau, de nouvelles routes migratoires s'ouvrent, avec de nouveaux réseaux de passeurs ou de trafiquants d'êtres humains.
Parmi les plus de 70 millions de réfugiés et déplacés qui fuient les guerres et les famines, certains frappent à la porte de l'Europe. Qu'ils viennent d'Ukraine, de Syrie ou d'Afrique subsaharienne, notre devoir est de garantir les conditions de leur accueil.
Notre politique européenne en la matière amène à s'interroger. Selon la presse, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, ferait l'objet d'une dizaine d'enquêtes de la part de l'Union européenne, en particulier concernant des violations des droits humains, au moment même où se discute son financement.
La question de la délégation du rôle de gendarme des frontières à d'autres États se pose aussi : cela a abouti à d'odieux marchandages avec la Turquie et aux morts à Melilla. Depuis qu'il s'est rapproché de l'Espagne, à la mi-mars, le Maroc a renforcé son contrôle aux abords de l'enclave coloniale de Melilla. Cela plaît manifestement au gouvernement espagnol qui, malgré les dizaines de morts, a salué la « collaboration de Rabat » dans la défense de ses frontières.
Nous ne pouvons pas fermer les yeux quand l'externalisation de la gestion des frontières de l'Union européenne tue. Madame la secrétaire d'État chargée de l'Europe, que comptez-vous faire pour qu'un tel drame ne se reproduise plus ?