Je veux souligner, pour répondre plus largement à votre question, que la position de la France a évolué sur la question des Balkans sous l'effet du contexte géopolitique : la manière d'appréhender cette région du continent européen doit tenir compte des tentatives de mainmise de puissances extra-européennes qui, à moyen terme, feraient courir le risque de fragmentation de l'espace européen. La position française est beaucoup plus ouverte qu'elle ne l'était auparavant. En France, le débat n'est pas extrêmement vif sur cette question et se concentre très largement sur l'Ukraine et, par corrélation, la Moldavie puisque le statut de pays candidat leur a été octroyé au même moment. L'attention se porte désormais sur l'ouverture éventuelle de négociations d'adhésion sous présidence espagnole, avant que nous ne rentrions dans ce temps politique qui sera celui des élections européennes. Si l'on veut être fidèle à cette promesse que nous faisons aux Ukrainiens et aux Moldaves – mais c'est aussi valable pour les États des Balkans – il faut que l'on soit capable de mettre notre maison en ordre : des réformes institutionnelles et de fonctionnement majeures se posent. Un exemple de cette nécessité est la décision de la Pologne, il y a quelques semaines, de fermer le passage aux céréales ukrainiennes pour faire valoir ses intérêts – alors même que c'est pourtant l'un des États les plus allants sur le soutien à l'Ukraine. Nous devrons donc être capables de repenser nos grandes politiques historiques : cohésion, PAC, fonctionnement du marché unique, etc. Sans cela, ces élargissements seront des échecs. Les conclusions de la Conférence sur l'avenir de l'Europe doivent servir de bases à ces réflexions.