Intervention de Patrick Risselin

Réunion du mercredi 17 mai 2023 à 9h30
Commission des affaires sociales

Patrick Risselin, secrétaire général auprès du délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie :

J'apporterai quelques précisions chiffrées ou correctifs.

M. le directeur de la sécurité sociale évoquait quelque 2 200 psychologues conventionnés fin 2022 contre 3 000 aujourd'hui. Les rapporter aux 93 000 psychologues existants n'est pas exact puisque ceux visés par le dispositif sont particulièrement les psychologues cliniciens, au nombre de 18 000 à 23 000 selon les sources. Le taux se rapproche plus de 12 ou 13 % que de 7 %.

Le dispositif est récent et a le mérite d'exister. Il ne faut pas lui faire porter plus qu'il ne le peut, puisqu'il s'agit d'un dispositif de première ligne. J'entends qu'il n'est pas évident de détecter un trouble psychique léger à modéré, mais il a le mérite d'éviter au médecin généraliste de passer immédiatement à une prescription médicamenteuse. Que certains cas nécessitent plus de séances peut s'entendre, mais nous sommes véritablement dans un dispositif de première ligne permettant un repérage. Sur la question de l'aval, nous savons parfaitement la situation préoccupante de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie.

S'agissant de la pédopsychiatrie, les Assises de la santé de l'enfant et de la pédiatrie sont en préparation avec un groupe de travail spécialement dédié à la santé mentale de l'enfant. Nous n'allons donc pas préempter les conclusions de ces assises. Un certain nombre d'initiatives ont donc été engagées. Le problème de fond, dans le champ de la psychiatrie comme d'autres, est évidemment le déficit de professionnels. La question de la démographie médicale de ces professionnels ne sera pas résolue en un jour.

Des mesures ont été prises : allongement du diplôme d'État spécialisé de psychiatrie de quatre à cinq ans, engagement d'un effort particulier en pédopsychiatrie depuis 2018, avec la formation de quarante-deux chefs de clinique, et dispositifs incitatifs pour revaloriser la profession, comprenant la consolidation de la recherche en santé mentale et psychiatrie et le jumelage de centres hospitaliers universitaires et établissements de droit commun pour valoriser la profession à travers des dispositifs de recherche et de recherche clinique. Ces mesures visent à combler le retard et les énormes difficultés que nous avons dans le domaine de la pédopsychiatrie. Nous en sommes conscients, nonobstant les propos de Mme Daudé sur l'appel à projets en pédopsychiatrie. Des efforts sont faits en ce sens.

Plus globalement, il serait excessif de dire qu'il n'y a pas de politique de santé mentale. Depuis cinq ans, il existe une feuille de route, certainement très largement perfectible. Le ministre en a rendu compte le 3 mars dernier sur le bilan d'application disponible sur le site du ministère. Un certain nombre de choses avancent dans les territoires.

S'agissant des ARS, je ne crois pas qu'il faille être trop sévère avec elles, y compris durant la crise du covid-19, car elles ont énormément donné. Elles sont en train de construire les schémas régionaux de santé de deuxième génération, dans lesquels la santé mentale teindra une place tout à fait prépondérante. Un certain nombre de leviers sont à leur main, notamment dans le champ de la psychiatrie : la réforme du financement de la psychiatrie, la réforme des autorisations de l'exercice en psychiatrie devant permettre un maillage, une gradation et une articulation entre psychiatries privée et publique, et projets territoriaux de santé mentale. Les appels à projets seront déconcentrés à l'échelon des ARS ,qui pourront mieux adapter l'offre à leurs territoires.

Tout n'est pas rose, nous en avons conscience. La crise est extrêmement aiguë. « MonParcoursPsy » et l'entretien postnatal sont des premières pierres, qui ont le mérite d'exister pour lancer une dynamique. Des dispositifs d'évaluation sont prévus, mais donnons-nous le temps de réaliser sereinement ces évaluations. Le ministère regardera de près tous les correctifs que l'on pourrait y apporter.

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