Intervention de Patrick Risselin

Réunion du mercredi 17 mai 2023 à 9h30
Commission des affaires sociales

Patrick Risselin, secrétaire général auprès du délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie :

Je souhaiterais insister sur quelques points.

Sur la concertation, je rappelle que le dispositif a été précédé d'un certain nombre d'expérimentations. L'élaboration de « MonParcoursPsy » a fait l'objet d'une longue concertation avec les organismes professionnels qui ont souhaité s'y associer. Par ailleurs, le dispositif est encore jeune, puisqu'il a été mis en place le 5 avril 2022. Je pense que nous avons besoin de recul. Une évaluation est prévue par la loi et se mettra en place.

Bien évidemment, nous réfléchissons, au sein de la délégation que je représente, à la suite. Comment consolider les psychologues volontaires ? Je rappelle que contrairement à certaines assertions, nous sommes sur la base du volontariat. Il ne s'agit pas de « mettre sous cloche » et de paramédicaliser la profession des psychologues. Ne s'inscrivent que les psychologues qui souhaitent s'inscrire ; pour ceux, qui souhaitent rester dans un mode d'exercice libéral, il n'y a pas de sujet. Nous nous apercevons d'une très grande diversité dans la profession des psychologues, d'une très grande hétérogénéité dans les formations selon les universités. Nous étudions comment consolider une profession qui pourrait être plus étroitement articulée avec le parcours de santé.

Au-delà de « MonParcoursPsy », nous savons que des psychothérapies spécifiques ont prouvé toute leur efficacité dans un certain nombre d'indications cliniques. Pourquoi ne pas étudier la manière de structurer la formation pour ces psychothérapies ? Ce chantier n'est pas stabilisé et fera bien sûr l'objet d'une concertation avec l'ensemble de la profession.

S'agissant de l'entretien postnatal précoce, l'ambiguïté sur la signification de ce dispositif a été évoquée. Pour nous, il s'agit clairement d'un dispositif de dépistage de la souffrance psychique des mères – et, au-delà, du couple – à l'occasion d'une grossesse ou de la naissance d'un enfant. Bien évidemment, il doit s'intégrer dans un parcours de santé ; il n'est pas indépendant de l'entretien prénatal qui existe depuis 2019. Encore une fois, il s'agit bien de détecter la souffrance psychique et la dépression post-partum, qui représente 17 à 20 % des grossesses, et non pas de donner un conseil conjugal.

Concernant la primiparité qui figure dans la loi, après consultation d'un certain nombre de professionnels, j'avoue très honnêtement ne pas avoir le souvenir de la raison pour laquelle elle a été introduite. L'évaluation de ce dispositif nous dira si c'est un critère pertinent ou non.

S'agissant de la communication sur ce dispositif de l'entretien postnatal précoce, une communication a été diffusée par la Cnam sur le site Ameli, à destination des différents collègues professionnels et en particulier des sages-femmes. Il faut bien évidemment poursuivre cette communication. Je signalerai une initiative très intéressante, qui s'inscrit dans un cadre européen, pilotée par le centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé de Lille. Il existe un programme appelé « Pathways to improving perinatal mental health », ou PATH, qui vise à doter les différents états partenaires d'outils et de référentiels de communication sur la dépression post-partum. Cela donne lieu à des réalisations très concrètes. Le Psycom a publié un certain nombre de brochures et a également de l'information en ligne. Un massive open online course (Mooc) a été ouvert depuis mars dernier pour l'ensemble des professionnels qui souhaitent s'inscrire. Nous allons poursuivre dans cette communication.

Enfin, je rappellerai que la HAS travaille actuellement sur une recommandation sur la santé mentale périnatale.

En conclusion, je livrerai une considération plus générale. « MonParcoursPsy » ne doit pas être vu comme un dispositif qui se fait au détriment du service public. Il vient plutôt en complémentarité. Je rappellerai qu'il s'intègre dans une stratégie plus globale, à savoir la feuille de route santé mentale et psychiatrie lancée depuis cinq ans. Des efforts conséquents ont été engagés dans le sens de la revalorisation du service public hospitalier ou ambulatoire en psychiatrie. Je rappellerai que la mesure 31 du Ségur de la santé a prévu la création de 200 postes de psychologues dans les maisons de santé pluriprofessionnelles et dans les centres de santé.

Dans le cadre des mesures annoncées lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie en septembre 2021, des créations de postes sont en cours. Ce sont 400 postes dans les CMP pour adultes et 400 postes dans les centres infanto-juvéniles.

Je pense également à tous les appels à projets engagés depuis 2019, dans le champ dans la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à travers un appel à projets dédié qui vise à rééquilibrer l'offre de soins pour les enfants, y compris par la création de lits dans les départements qui en sont dépourvus.

Je citerai également le fonds d'innovation organisationnel en psychiatrie qui permet d'accompagner le changement et de créer des structures, en particulier de services ambulatoires.

Tout ceci montre, au-delà de « MonParcoursPsy », la mobilisation d'une offre existante dans le champ libéral qui peut être mieux articulée avec l'offre publique. Tout un pan de la politique touche cette offre publique, encore une fois à travers la feuille de route enrichie par les mesures des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie.

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